Happy Mistake (International Deluxe Edition)

Chronique

Pianiste et chanteur débordant d'énergie, Raphael Gualazzi avait surpris son monde par un premier album époustouflant, véritable leçon de jazz pop et soul monté sur ressorts. En figure de proue, son classique « Reality & Fantasy » avait convaincu les programmateurs radio et le label manager de Blue Note qui lui a mis le grappin dessus. Cette espèce d'oiseau rare situé à la frontière de la chanson italienne d'un Paolo Conte, la soul sensuelle d'un Marvin Gaye et la folie hirsute d'un Roberto Begnini remet le couvert avec un deuxième album à la bonne humeur contagieuse justement baptisé Happy Mistake.

Raphael Gualazzi est-il un crooner ou un amuseur ? De la première hypothèse il n'est permis d'en douter après le sage titre d'ouverture « Baby What's Wrong », presque trop sérieux pour figurer au menu d'un album revigorant, qui donne la pêche. Son nouveau morceau emblématique, le tres swing « Don't Call My Name » aux accords de piano bastringue en guingois, part rapidement en vrille vers un gospel déjanté. De quoi émoustiller les sens pour la suite qui se révèle éclectique entre la chanson traditionnelle « Un Mare in Luce », le magnifique duo « L'Amie d'un Italien » avec la diva Camille en virée transalpine, le sprint mélodique « Senza Ritegno » et l'instrumental « Questa o Quella Per Me Pari Non Sono ». L'album est à peine parvenu à sa moitié qu'il a déjà rempli son contrat et distillé une suite de chansons jazz en ébullition.

Le cuisinier Gualazzi sait régaler ses hôtes et faire en sorte qu'ils repartent l'estomac chargé, repu de belles mélodies cent pour cent naturelles. Album joyeux et sans gras, Happy Mistake se laisse dévorer d'une traite et offre d'autres moments forts comme l'irrésistible « Seven Days of Love », la grande ballade romantique « Sai (Ci Basta in Sogno) », le bluesy « Welcome to My Hell » avec The Puppini Sisters ou le fellinien « Improvvisazione Su Temi di Amarcord ». En grand maître des ambiances, Gualazzi enchante et rassasie. Un vrai bonheur.

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