Counterpoint

Chronique

Le contrepoint, pour faire simple, est l’art de combiner deux ou plusieurs lignes musicales indépendantes de manière à ce qu’elles forment entre elles une cohérence harmonique, tout en gardant chacune leur indépendance de rythme, d’orientation (on évite les mouvements parallèles, dans la mesure du possible), d’intervalles. Ensuite, il existe mille manières de combiner des lignes indépendantes : soit chacune a vraiment sa propre vie, soit elles se répondent un peu, beaucoup ou passionnément (dans le canon rigoureux, elles se suivent note à note, ou à tel ou tel intervalle l’une de l’autre). Le modèle de la fugue est une forme très cadrée de contrepoint assez rigoureux. Quelques-uns des exemples les plus prodigieux se trouvent dans L’Offrande musicale de Bach, mais mille et un compositeurs l’ont utilisé dans leur musique, avec plus ou moins de constance – Hindemith en est un grand apôtre – ou, le plus souvent, de manière momentanée. Bien sûr, le contrepoint peut se « pratiquer » sur un seul instrument tel que le piano, l’orgue ou le clavecin, ou à plusieurs musiciens. Bref, la discipline est tout sauf figée, et il est bien difficile d’en cerner les contours. Dans le présent album, la pianiste brésilienne Maria Inês Guimarães a choisi d’abord Villa-Lobos, dont on sait combien il se repose sur Bach et son art du contrepoint et de la polyphonie, « avec influence folklorique transfigurée, imprégnées de l’ambiance musicale de Bach » ainsi qu’il le déclarait lui-même – les Bachianas brasileiras en sont le fruit le plus remarquable. À l’autre bout de l’album, György Kurtág (né en 1926), dont on sait aussi l’attachement à la rigueur d’écriture, ainsi qu’aux accents folkloriques – même si chez lui, ils procèdent plus du folklore imaginaire que chez Villa-Lobos qui, lui, n’hésitait pas à emprunter assez directement. Ses Játékok (Jeux), œuvre en perpétuelle progression depuis plus de quarante ans, sont souvent des modèles de contrepoint à la fois rigoureux et facétieux. © SM/Qobuz