Bruckner : Symphonie No. 6

Chronique

Avec sa 5e (de Bruckner), l'un des très grands disques de ce chef aujourd'hui méconnu, Heinz Rögner fut une figure particulièrement importante en Allemagne de l'Est, des années 1970 à sa mort en 2001. Il fut le directeur musical durant vingt années du Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin (1973-1993). Ce qui est le plus précieux dans le Bruckner de Rögner, c'est son ardeur, sa folie dionysiaque, sans la moindre trace de sentimentalisme et d'expression pathétique. Bruckner prend immédiatement des accents (presque) modernes aussi surprenants que nécessaires.

Bruckner, ici, sonne très fluide : dans ses six enregistrements de symphonies de Bruckner, Rögner choisit des tempos allants, et, toujours, soigne la polyphonie qui rayonne, en ménageant des rais de lumière toujours mémorables. Les accents sont particulièrement vifs, chaque pupitre est teinté d'un éclat foudroyant, et Rögner sait aussi nous surprendre avec des crescendos dynamiques poignants, notamment dans l’Adagio dont la conclusion est ici d'une beauté assez inouïe. Très différent bien sûr des Jochum, Sawallisch ou Celibidache, mais précieux. La prise de son est simplement exceptionnelle. © Pierre-Yves Lascar/Qobuz