Blood From A Stone

Chronique

Trentenaire norvégienne, la chanteuse, pianiste, guitariste, percussionniste et batteur Hanne Hukkelberg s’est essayée précocement à la musique aventureuse (du rock gothique au free jazz), avant de construire au gré de ses premières productions en leader (Little Things en 2005 et Rykestrasse 68 en 2006) la déclinaison de ses affinités pour, à la fois, Sonic Youth, Cocteau Twins, Pixies (elle reprend « Break My Body »), et Siouxsie & The Banshees.

Dans Blood From a Stone, album très majoritairement interprété en anglais, et qui fait appel à la fine fleur musicale du pays, la spontanéité de son chant (souvent capté en prise unique), et la cohabitation entre options bruitistes (on y entend des claquements de portes, des conques, et autres cloches, mais pas de batterie au sens strict du terme) et instruments plus traditionnels (harpe, mandoline, flûte traversière), offrent à l’ensemble une coloration rock plus immédiate. L’univers onirique de la chanteuse s’édifie par strates, d’étranges et douces déflagrations sonores servant de tapis volant à une voix tour à tour rauque, ample, délicate ou haletante. Composées dans la solitude de la proximité du cercle polaire, et enregistrées à Oslo, les chansons trahissent une sérénité indéniable, et un contraste permanent entre fièvre urbaine, et ce ralentissement du temps qu’on ne perçoit vraiment qu’à la campagne.

L’univers d’Hukkelberg (on a évoqué le trip hop, voire l’electro jazz, mais la Scandinave se situe indéniablement dans un ailleurs profondément personnel) ne se présente alors qu’après plusieurs écoutes, et on ne peut s’empêcher d’évoquer les tentations les plus personnelles (par ailleurs davantage dans la dimension esthétique que dans la pure harmonie) d’une Kate Bush, ou de la référencée Björk. Minimaliste et troublante, cette pop discrète (qui ne dédaigne pas de flirter avec le metal dans « Salt of the Earth », ou la scansion de basses telluriques avec la chanson-titre) pour marge audacieuse, conquiert par sa richesse poétique, et la modestie apparente de ses propositions.



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