Vincent Ahehehinnou

Né en 1948 à Canan, proche d’Abomey au Bénin, Vincent Ahéhéhinnou est vite initié aux traditions culturelles vaudou, y compris les rythmes musicaux. Immédiatement passionné par la pratique musicale, il commence l’apprentissage de la basse à l’adolescence. Vite attiré par une carrière artistique, il intègre un premier groupe béninois, Las Ondas de Sabada de 1962 à 1965, puis Daho Jazz à partir de 1965. Lors d’une représentation de ce dernier, Bentho Gustave et Bernard ‘Papillon’ Zoundegnon restent impressionnés par la présence scénique d’Ahéhéhinnou. Les deux sont musiciens pour Sunny Blacks Band créé en 1966, devenu ensuite l’Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou dès 1969. Ahéhéhinnou rejoint la formation comme chanteur et bassiste, participe aux compositions et les musiciens enregistrent à foison, autour de cinq cent titres et une cinquantaine d’albums. Orchestre star du Bénin, qui compose une musique s’articulant autour de la rumba, du highlife et de l’afrobeat, le Poly-Rythmo peine à s’exporter dans certains pays, dont la France où sa notoriété reste anonyme. À la suite d’un dissensus avec Adissa Seidou, nouveau manager de la formation, Vincent Ahéhéhinnou se sépare de l’Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou et poursuit la musique en solitaire. Il rencontre notamment Ignace de Souza, fondateur du groupe Black Santiago, qui lui offre l’opportunité d’enregistrer au Decca Studios à Lagos. Le chanteur béninois enregistre de nombreux titres, qui donnent naissance à Ahehehinnou Vincent (1973) ou Ahehehinnou Vincent Vol. 1 (1978). Des morceaux comme « Best Woman » déploient la virtuosité rythmique du béninois, qui compte explorer la tradition vaudou au maximum. Des années plus tard, repérés par Popular African Music, Soundway Records ou le label allemand Analog Africa, des structures rééditent des morceaux sous forme de compilations (comme The Kings of Benin Urban Groove 1972-80 (2004) ou Echos hypnotiques (2009)), et l’Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou connaît une redécouverte tardive de la part du public occidental. Tandis que des nouvelles sorties apparaissent sur des labels reconnus, comme Strut ou Because Music, la formation mythique béninoise est invitée à se produire pour une tournée en Europe à la fin des années 2000, avec Ahéhéhinnou en figure de proue au chant. Ce dernier connaît lui aussi une réédition chez Analog Africa, à travers l’album Best Woman (re)dévoilé en 2017.