Murray Perahia, Radu Lupu

Le pianiste roumain Radu Lupu, né à Galați le 30 novembre 1945, est considéré comme l'un des plus grands interprètes de sa génération. Il commence l'apprentissage du piano à l'âge de cinq ans dans sa ville natale avec Lia Busuoicianu, et ce jusqu'à l'âge de quatorze ans. L'élève se révèle rapidement doué pour la pratique musicale et, après un premier concert en public en 1958, poursuit ses études à Bucarest avec Florica Musicescu, qui fut le professeur de Dinu Lipatti, et Cella Delavrancea. En 1961, il obtient une bourse pour étudier au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou avec le grand pédagogue Heinrich Neuhaus et son fils Stanislas Neuhaus, jusqu'en 1968. Dans l'intervalle, Radu Lupu remporte trois grands premiers prix lors de compétitions : le Concours Van Cliburn à Fort Worth au Texas (1966), le Concours Enesco à Budapest (1967) et le Concours international de pianoforte à Leeds (1969). De fait, sa carrière de musicien se développe rapidement et Radu Lupu quitte Bucarest pour s'installer à Londres et jouer dans les salles les plus prestigieuses, en soliste ou avec les plus grands orchestres dont le New York Philharmonic, le Concertgebouw d'Amsterdam, le Royal Philharmonic Orchestra ou l'Orchestre philharmonique de Berlin dirigé par Herbert Von Karajan. Il joue aussi du piano à quatre mains en compagnie de Daniel Barenboïm ou Murray Perahia et en duo avec le violoniste Szymon Goldberg. Si son répertoire de prédilection, à savoir la période romantique, tourne autour des œuvres de Beethoven, Schubert et Schumann, il s'illustre également dans les compositions de Mozart, Moussorgski ou Bartok. Artiste secret ne donnant aucune interview et privilégiant sa chaise au traditionnel tabouret, Radu Lupu fait l'admiration de ses pairs par son sens de l'économie et de la respiration, sa sonorité et sa réflexion, qui joue un grand rôle dans l'approche pianistique de ce perfectionniste. Son contrat d'exclusivité avec le label Decca voit la parution d'une vingtaine d'albums majeurs entre 1970 et 1995, date à laquelle il cesse d'enregistrer, dont Beethoven: Piano Sonatas (1973), Schumann & Grieg: Piano Concertos (avec André Previn, 1973), Mozart: Piano Concertos (avec Uri Segal) et Violin Sonatas (avec Szymon Goldberg) (1975), Schubert: Sonatas (1976, 1979, 1987, 1994), Brahms: Sonatas (1978, 1982), Beethoven: Piano Concertos Nos. 1-5 (avec Zubin Mehta, 1979), Schubert: Impromptus op. 90 & op. 142 (1983), Schubert: Lieder (avec Barbara Hendricks, 1986, 1993) et Schumann: Kinderszenen - Kreisleriana - Humoreske (1995). Radu Lupu ne donne ensuite des concerts qu'avec parcimonie, tandis que les honneurs s'accumulent : Prix Franco Abbiati en Italie (1989, 2006), Edison Award (1995), Grammy Award (1995), Prix Arturo Benedetti Michelangeli et le grade de Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique (CBE), en 2016. Ses disques retirés du catalogue se retrouvent dans les coffrets The Complete Decca Solo Recordings (2010) et The Complete Decca Concerto Recordings (2011), puis la somme intégrale Complete Recordings (2015). Retiré à Lausanne avec sa femme Delia Bugarin, violoniste à l'Orchestre de chambre de Lausanne, il y décède au terme d'une longue maladie le 17 avril 2022, à l'âge de 76 ans.