Von

Chronique

Tout d'abord il y a cette pochette, sombre, ornée d'un visage qui n'a plus grand chose d'humain. Puis un morceau d'ouverture, s'étalant sur près de dix minutes. Sur ce morceau, il ne se passe pas vraiment grand chose, mais c'est déjà beaucoup : longue plainte atmosphérique émaillée de cris – mais sont-ce bien des cris ? –, « Sigur Rós », le morceau, instaure un climat angoissant, évoquant le malaise que l'on peut ressentir devant un film d'horreur. Difficile, après ce morceau, d'imaginer que les responsables d'une musique aussi extrême dans son minimalisme soient des post-ados à peine majeurs en provenance d'Islande.

Œuvre la plus expérimentale de ses auteurs, Von est pourtant celle qui est la plus référencée. Une fois les chimères ambient mises de côté, des morceaux comme « Hún Jörð » ou « Myrkur » évoquent ainsi la musique de Cocteau Twins et de My Bloody Valentine, soit la fin des années 1980, avec toutes ses tics les plus réverbérés.

Mais Von reste tout de même un OVNI dans la production musicale de son époque, notamment à cause de cette guitare mutante, capable de déchaîner les éléments autour d'elle et surtout à cause de la voix de Jón Þór Birgisson dont on ne sait à aucun moment si c'est celle d'un homme ou d'une femme. Elle est le point d'orgue de cet album ruminé pendant deux ans, transformé et remanié à de multiples reprises et qui pose, l'air de rien, les fondations d'un univers musical qui trouvera sa singularité définitive au moment de la sortie d'Ágætis Byrjun.

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