VANITÉ

Chronique

Fuzati est-il vraiment un misanthrope ? Cette question anime tous les fans du Klub des Loosers depuis bientôt vingt ans. Avec ce nouvel album, très justement baptisé Vanité, le rappeur masqué explore les plus grandes perversions de l’âme humaine, expose son mépris pour les hypocrites et les narcissiques, lui qui est connu pour son franc-parler et son goût pour l’anonymat. Tout cet album est peuplé d’égocentrismes en tous genres, de ceux qui en poussent certains à se comparer à Dieu, ou qui en amènent d’autres à dénigrer leur compagne pour se mettre en valeur, par pure vanité donc (Moi je). Mais au milieu de ces 13 titres aux productions frôlant parfois le lo-fi (Champion, Billet de cent), se complexifiant aussi via des synthétiseurs (D’Or et d’argent), c’est avant tout face à nos propres contradictions que Fuzati nous place. Avec du mépris, peut-être, mais avec bienveillance, comme pour nous pousser à changer. En tout cas, il montre que rien n’est simple, que ce soit pour un « fils de » comme Alexis Fugain, fils de Michel et qu’il invite sur le titre Comme eux, ou pour ceux qui souffrent à cause des ego surdimensionnés des autres. Vanité pourrait faire perdre foi en l’humanité, mais pas en Fuzati. © Brice Miclet/Qobuz