The Water Wheel: A Tribute to Hamza El Din

Chronique

Souvent qualifié de père de la musique nubienne contemporaine, le compositeur égyptien Hamza El Din, décédé en 2006, à 77 ans, est connu des cinéphiles attentifs, via les emprunts que Cédric Klapisch (Ni pour, ni contre, bien au contraire) ou Alejandro Gonzales Innaritu (Babel) ont fait à son œuvre. Le joueur de oud possédait aussi des fans de premier choix comme le Grateful Dead, Terry Riley ou le Kronos Quartet qui ont tous échangé ou collaboré avec lui, après son installation aux Etats-Unis au début des années 60. Paru en 1971, Escalay, The Water Wheel fait figure d’œuvre maîtresse de l’Egyptien et figurait en bonne place dans la discothèque de Marcel Khalifé, musicien libanais emblématique et père de Bachar. Pour ce dernier, The Water Wheel fait le lien entre deux mondes et est un des fondements de sa culture. Il lui rend hommage en entraînant avec lui sa garde rapprochée – Priam « Desmond » Bosano au saz électrique, Aleksander Angelov à la basse, Dogan Poyraz à la batterie – et en débauchant le oudiste Yacir Rami et la percussionniste Natasha Rogers, et gardant la main sur les claviers et le chant.

Difficile de faire plus éloigné des enregistrements originaux, qui consistaient en la captation du oud et de la voix du seul Hamza El Din. Mais si Bachar reste proche de l’approche intense et postmoderne, entre traditions et esthétiques urbaines, qui est sa marque de fabrique, on sent aussi sa fidélité spirituelle au novateur nubien, qui introduisit le oud dans cette culture et la fit évoluer en recyclant à sa façon les informations sonores des lieux qu’il a traversés. A travers ce tribute, Bachar Mar Khalifé réussit à remettre la lumière sur un maître, un peu oublié de la musique orientale tout en affirmant sa personnalité. © Benjamin MiNiMuM/ Qobuz