Tango Live Forever (Live in Poznan 2006)

Chronique

Il y a six ans déjà, l’accordéoniste virtuose Richard Galliano fut invité par le Sinfonia Baltica Orchestra et son chef Bohdan Jarmolowicz à se produire lors d’un concert dans l’enceinte de la particulièrement renommée Université de Poznan. Trois solistes tenaient compagnie au musicien niçois, dont le bandonéoniste Wieslaw Przadka, plus particulièrement en valeur dans « Milonga en Ay Menor », l’une des compositions d’Astor Piazzolla mise en exergue lors de cette soirée.



Car c’est bien d’un hommage au compositeur argentin, et père du nouveau tango dont il s’agit ici, avec quelques-unes de ses partitions les plus connus. La prestation débute avec ce qui reste sans nul doute comme l’air le plus renommé de l’homme de Mar Del Plata, ce « Libertango » qui traverse l’histoire de la musique contemporaine comme une signature, et sur le thème duquel Grace Jones et Guy Marchand posèrent leurs idiomes. Le concert se poursuit avec un autre titre emblématique de Piazzolla, « Oblivion » (qui est ici interprété également en rappel). Figure en outre dans la sélection « Fuga Y Misterio », pièce composée pour Maria de Buenos Aires, seul opéra – très théâtral - du bandonéoniste. Mais l’œuvre majeure de l’album (tout du moins en durée) reste ce Concerto Opale que Galliano composa pour l’édition de 1994 du Festival de la Côte du même nom, manifestation qui, malgré les vicissitudes, continue à offrir au Pas-de-Calais le meilleur de la pop, de la chanson, et du jazz.

Les trois mouvements de ce concerto déclinent en fait les différentes facettes de l’accordéon à travers l’histoire, les pays, et les sociologies. La première partie de l’œuvre est évocatrice de l’instrument débridé des Carpates, et s’enroule autour des cadences des cordes ; le deuxième mouvement s’encanaille à revisiter cet accordéon des faubourgs, populaire, hâbleur, mais toujours mélancolique ; le Concerto s’achève dans le frisson de tous les dangers, au creux de cette Méditerranée amoureuse où l’accordéon se fait parfois couteau.



Grâce à ce programme très homogène, est offerte l’occasion de découvrir toutes les richesses d’un instrument qu’on a trop souvent voulu enfermer dans un rôle de second ordre : lyrique, enflammé ou retenu, l’accordéon est définitivement bien plus que cela. Une éclatante confirmation ici, grâce à son plus éminent serviteur actuel.

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