Solo - The Marcevol Concert

Chronique

Soyons honnête : le menu fait fuir, c’est évident. Proposer, dans notre triste époque des émotions tarifées et standardisées l’album en solo d’un contrebassiste, revient assurément en matière de marketing à se tirer une balle dans le pied. Avec un fusil à pompe, qui plus est. Pourtant, on voudrait trouver les mots, les émotions, qui pourraient inciter à débourser une poignée d’euros (puisque c’est bien de cela dont il s’agit) pour s’offrir un voyage au pays de la beauté et de l’inventivité.



Essayons. D’origine catalane, Renaud García-Fons a bénéficié d’une formation classique, mais s’est précocement passionné pour la musique de jazz, et les émotions venues d’ailleurs, naturellement du bassin méditerranéen, mais également d’Inde, Afrique, ou carrément d’une inspiration franchement contemporaine. C’est tout cela que l’on retrouve dans ces mémoires d’un concert donné dans le site spirituel d’un prieuré des Pyrénées-Orientales.

Paysage convenablement campé, intéressons-nous aux reliefs proposés : Solo The Marcevol Concert n’est pas la somme en long jeu des élucubrations d’un instrumentiste livré à lui-même, et à sa mégalomanie. Car le jeu du musicien s’ouvre tour à tour vers des percussions animées par les vibrations des cordes, l’assise de loops initiés par l’électronique, et autres harmoniques insistantes, comme autant de tremplins à l’improvisation. C’est alors un caravansérail bigarré qui s’offre à nous, d’une Espagne poussant un peu sa corne flamenca dans « Bajo Flamenco » le bien nommé, à un rock s’abreuvant aux sources du blues (« Rock Wandering »), des influences baroques et médiévales, à un tapis volant digne des Mille et Une Nuits (« Voyage à Jeyhounabad »), ou à la scansion d’un griot échappé d’un conte africain (« Kalimbass »).



La dimension dramatique et sensuelle de la musique permet alors d’espérer que l’homme à l’archet aura prochainement à cœur d’offrir ces émotions à d’autres instrumentistes, pour d’autres émotions, et d’autres musiques. Á noter que l’album s’accompagne d’un dvd qui permet d’accoler des images sur la majesté des sonorités.

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