Skelethon (Deluxe Edition)

Chronique

Le MC originaire de Long Island livre son sixième album, cinq ans après None Shall Pass. Il conserve pour autant sa verve et ses rimes de choc d'antan – tout de même quinze ans de carrière au compteur pour l'ex-poulain du mythique label de hip hop alternatif Definitive Jux, caractéristiques de l'âge d'or du hip hop contemporain -, tout en se montrant un poil plus rock, à l'image de son nom de baptême. 

À l'écoute de Skelethon, on prend un sacré uppercut sonore tant dans le flow musclé du New-Yorkais que dans les beats martiaux et épileptiques. Depuis 1999, Aesop Rock n'a pas faibli et révèle une forme olympique, un poil agressive, et un opus haletant voire hyperactif à l'heure de la vague « screwed and chopped » (Asap Rocky et consorts). Il s'en sort avec brio, démontrant qu'il tient toujours les rênes de MC underground. 

Il n'y a qu'à écouter comment il pulvérise ses vers à la vitesse de l'éclair pour s'en rendre compte, sans pour autant masquer l'efficacité de ses rimes. La production est nerveuse, industrielle et frôle le glauque. Aesop Rock aborde la mort de près ou de loin, avec symbolisme sur « Crow 1 », qui s'ouvre sur une ballade funèbre avec la voix de Kimya Dawson et réalisme (« Ruby '81 »), ou en convoquant mythe et légende sur « Leisureforce » (« Abaddon threshold flesh-forged in the galley/ With undead orcs pulling oars through the algae/ Smash cut to a smoke-bombed quarantine/ Guards like "all signs correlate with sorcery »). 

Skelethon est sombre, ça ne fait pas l'ombre d'un doute, et empli de sensibilité. Raison pour laquelle Aesop Rock a fait appel à ses acolytes de la première heure, DJ Big Wiz, Rob Soni et Alice Parker des Dirty Ghosts, pour venir partager sa frénésie.
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