Sister

Chronique

Parfois, en arrivant à la fin d’un album, on ne sait pas ce qu’on aura envie d’écouter après. Sur son troisième album, Mina Tindle nous facilite le choix en terminant par une reprise de Lhasa, Is Anything Wrong. Après Sister, on écoutera donc Lhasa. Et Mina Tindle avant Lhasa, c’est bien. Comme Lhasa, elle chante dans un registre folk-pop, avec une délicatesse qui n’appartient qu’à elle. Comme Lhasa qui vivait au Québec et venait du Mexique via les USA, Mina Tindle est bohème, entre la France, Berlin et les États-Unis (elle est l’épouse de Bryce Dessner, le chanteur de The National). Mina Tindle chante en français et en anglais, mais ce qu’elle exprime n’a pas besoin de passeport. Sur Sister, ses chansons créent un sentiment d’extase légère, de plénitude, d’adieu à la mélancolie. Ses chansons sont en apparence toutes simples : un peu de piano, de la batterie, des traitements électroniques et beaucoup de chant. Ce travail sur les voix est impressionnant. On entend des polyphonies gonflées comme une voile et qui filent vers l’azur. A la fin de Give A Little Love, on entend même la voix de Sufjan Stevens, qui pour son dernier album aurait pu prendre des leçons de sobriété auprès de Mina Tindle. Folk et contemporaines sur la forme, ces chansons sont sur le fond une forme de soul, de musique un brin sacrée qui cherche l’ascendance. Un nid doux comme un cocon, et qui en plus vole. La question cruciale restant : mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir écouter après Lhasa ? © Stéphane Deschamps/Qobuz