Saisons

Chronique

2023 s'est bien terminée pour Pomme, qui a comblé deux Zénith à Paris mi-novembre et fait ses débuts au cinéma dans La Vénus d’argent d’Héléna Klotz. Il y a eu aussi, plus discrètement, le mini-album Saisons. Un concept en deux parties, automne-hiver qui sort en automne et printemps-été qui sortira au printemps. Deux collections annuelles. Comme dans la mode, mais pas à la mode. Ce n’est pas nouveau, mais Pomme continue ici à s’éloigner encore un peu plus des formats imposés. Les six chansons s’enchaînent comme des moments dans la journée. Ce disque est court (moins de 20 minutes), mais il s’écoute d’un bloc et en boucle, installe son propre rythme.

Chaque titre correspond à un mois, avec trois chansons « magie mauve » pour les mois d’automne, et trois « cartes de Noël » pour les mois d’hiver. Les arrangements évoquent le souffle d’un harmonium hors d’âge dans la pièce d’à côté, ou le clapotis de la pluie sur les arbres. Puis on entend des nappes de claviers et de cordes verglacées, des brumes de chœurs réchauffés par la voix en pelote de laine mohair de Pomme. Accompagnée de Flavien Berger et Bryce Dessner des Nationals, Pomme propose une chanson expérimentale familière et frémissante, qui peut évoquer Bon Iver (logique pour un disque d’hiver), Björk période Vespertine et surtout Sufjan Stevens. Ce disque donne envie de se plonger sous la couette et d’attendre le printemps pour en sortir. Des auto-berceuses ambiant, mais aussi très intimes et intenses : les bouleversantes paroles des chansons de décembre et janvier prouvent que Pomme ne croit plus au Père Noël. © Stéphane Deschamps/Qobuz