Pop Collection

Chronique

Sous ses airs d'improbable Président du Kadebostany, le DJ suisse Kadebostan prend de plus en plus des allures de petit maître avec son deuxième album. En trois ans, il passe en effet avec le même bonheur d'une world fusion electro délirante à une non moins démente house ethnique. Le tout parfaitement articulé autour du concept Kadebostany, un état dont la seule ressource est sa musique.

Mais quelle musique ! Il reste ici quelques relents de musique klezmer et de fanfares balkaniques, ainsi que d'éparses touches orientales ou hispanisante, mais en trente-six mois, le Kadebostany a fait un bond dans le temps. Le petit état virtuel s'est modernisé et a atteint les standards internationaux en matière musicale. En avant toute vers la dance pop mais avec cette délicate touche kadebostanienne faite d'autant de distance que la French Touch façon Helmut Fritz.

La compagnie nationale « K-Airline » accueille ses passagers avec force roulements de tambours avant de les lâcher pour un périple dans la République du swing dingo. La grande force de Kadebostan est de faire appel, au gré de ses besoins, à des sons organiques. Sur Pop Collection se croisent guitares, trompettes, clarinette et toute une gamme de percussions venant réchauffer l'electro qui ne demande que ça. C'est ensuite à l'Opéra National de Kadebostany qu'attend la chanteuse Anima avec ses intonations dignes de Grace Jones sur « Jolan », rencontre grandiose entre la house et la new wave.

Après, un petit tour à l'ancien Palais Royal - que l'on dit hanté - permet de découvrir le magnifique « Walking With a Ghost » et ses trompettes mexicaines, son numéro de rap façon Da Brat en colère. Pour se reposer, il faut aller voir « Hey! » avec son klezmer orientalisant et ses basses chromées. La campagne du Kadebostany recèle encore quelques bijoux sonores épargnés par la modernité. « The Eagle » entre fanfare tzigane, rap et mariachis plane haut dans les cieux éternellement bleus de Kadebostany. En guise de salut, Kadebostany se referme sur le déchirant « Goodbye » où Amina fait saigner ses cordes vocales sur le corps de sa guitare acoustique. Espérons que ce ne soit surtout pas un adieu.

©Copyright Music Story 2015