No Guts. No Glory

Chronique

On ne nous enlèvera pas de l’idée qu’il subsiste, quelque part au royaume des kangourous, soigneusement dissimulée derrière une canette de bière et une panoplie aborigène, la recette binaire, électrique, et légèrement débridée, d’un rock jouissif et sans concessions. Ainsi du groupe des frères Ryan (il tape sur des tambours) et Joel (il chante et joue de la guitare) O’Keeffe, qui, du fin fond de Warnambool (une contrée qui sonne comme un riff), rappelle deux ou trois choses élémentaires sur le rock : on est là pour s’amuser, tout cela n’est pas très sérieux, et n’oubliez pas vos bouchons à oreilles. Ainsi, après un premier album (Runnin’ Wild-2008) largement utilisé par les producteurs de jeux vidéo, les petits frères d’AC/DC remettent le couvert, et les doigts dans la prise, avec une sélection enregistrée dans un pub du pays (cela ne s’invente pas).

Le premier constat qu’impose No Guts, No Glory (intitulé tout en délicatesse) reste qu’il ne convient pas de tendre l’oreille aux esprits chagrins : nous sommes toujours dans les années 70 (jusque dans le logo du groupe, vivement connoté). Et, plus précisément, c’est dans cette décennie que se forge le son des guitares du combo. Deuxième évidence : la musique la plus simple (les rythmes les plus élémentaires, les progressions d’accords les plus évidentes) est – souvent – la meilleure.

Troisième antienne : la rage (hurlements du chant, et des manches) ne se dissout pas forcément dans le temps qui passe. Certes, on éprouvera plus souvent qu’à son tour le sentiment de dénicher quelques incunables inespérés des sessions de Let There Be Rock, un lick de guitare que ne désavouerait pas le Texan Johnny Winter, voire quelques sauts de carpes rythmiques chers à Angel Steel. Mais, grâce à sa haute énergie, son sens de l’essentiel (les morceaux sont brefs, et dénués de bavardage), Airbourne lève toute hypothèque quant au plaisir généré. Et parvient, non seulement à offrir du neuf avec du daté, mais à dérouler un résultat immédiatement identifiable, basé sur des paramètres presque séculaires.

Sans aucune prétention, mais branché en permanence sur le secteur, le groupe offre du plaisir, et présente une seule alternative : soit on compulse d’un air empesé une encyclopédie du rock, soit on tape du pied. Á l’heure où le temps de la retraite semble avoir sonné pour Aerosmith, le choix est vite fait, grâce à ces treize chansons, qui explosent dans une fièvre bien sympathique.


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