My Voice

Chronique

Avec son premier album Beautiful Vinyl Hunter paru en 2020, le pianiste et compositeur londonien Ashley Henry, alors âgé de 28 ans, avait fait forte impression, se propulsant au premier rang de ce vaste mouvement rénovateur initié en Angleterre par une génération métissée posant les bases d’un nouveau langage reflétant leur réalité (historique et quotidienne) en multipliant les formes d’hybridations inédites et ultra-contemporaines entre jazz, grime, traditions caribéennes, hip-hop et musique électronique.

Il récidive aujourd’hui en faisant paraître sur son propre label Royal Raw Music un EP de six titres qui, tout en s’inscrivant dans la continuité du disque précédent, en développe les intuitions de manière encore plus personnelle en mettant, comme son titre l’indique, explicitement “sa voix” au premier plan. Si l’on retrouve tout l’art d’Ashley Henry, dans sa façon de plonger son piano à la fois virtuose et minimaliste dans l’écrin d’arrangements savants mêlant sonorités acoustiques et électroniques et pulsés de grooves complexes et évolutifs empruntés aux dancefloors, il ouvre de nouveaux horizons à sa musique en insérant dans quelques chansons mutantes, très composées et largement atmosphériques, une voix chaude et sensuelle d’une grande force émotionnelle.

Conçu comme une sorte de “manifeste” à travers quoi expérimenter et comprendre comment sa voix peut se connecter en musique avec son histoire, sa famille, son héritage et exprimer à la fois son intimité la plus secrète et personnelle et le chœur anonyme de ses ancêtres, My Voice est sans doute une étape importante dans la jeune carrière d’Ashley Henry. © Stéphane Ollivier/Qobuz