More Signal More Noise

Chronique

Poursuivant plus discrètement qu’au cœur des années 1990 son œuvre d’éveil citoyen et de fusion musicale entre l’electronica, le hip-hop, le dub et les musiques ethniques, Asian Dub Foundation n’en a pas moins perdu son allant et sa verve. En témoigne ce nouvel album, More Signal More Noise, traversé par une énergie roborative, qui fait dire que le collectif n’a rien perdu de sa hargne.



Mu par une révolte nourrie par la géopolitique explosive aux quatre coins de la planète, ce groupe au discours « conscient » apparaît plus que jamais concerné et mobilisé, comme en témoignent les titres « Zig Zag Nation », « Get Lost Bashar » ou « Your World Is Gone ». Le plus frappant est certainement l’immédiateté et l’urgence des onze titres sélectionnés.
 


Le résultat d’un parti pris du groupe, qui les a couchés sur pistes en seulement trois jours aux Red Bull Studios de Londres. Trois autres ont suffi pour mixer le tout. Cette immédiateté visait à recréer l’expérience du live, incontestablement le terrain de prédilection de ce collectif qui se nourrit de la communion avec son public.

Si le groupe maîtrise à ce point son sujet – il n’a rien cédé à la vitesse d’exécution, maintenant une cohésion de tous les instants -, c’est que le disque a déjà été rôdé sur la route et enregistré une première fois.



Naturellement, le fond electronica est moins présent, les overdubs limités au minimum syndical et les breakbeats plus discrets qu’ils ont pu l’être par le passé. Les instruments organiques bénéficient de cette opportunité, la guitare de Steve Chandra Savale se taillant la part du lion, tissant des accroches punk-funk du meilleur goût, comme sur l’incontournable « Radio Bubblegum », mais aussi la flûte virevoltante de Nathan « Flutebox » Lee, qui insuffle une vraie originalité à l’afrobeat de « Semira », par exemple, ou une couleur soul jazz du meilleur effet à « Stand Up ». More Signal More Noise bénéficie également d’interventions extérieures savamment intégrées, comme celle du groupe de Calcutta, Gandu Circus, sur « Fall Of The House Of Cards », un improbable alliage entre la musique indienne et l’électronique punkoïde.

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