Monuments

Chronique

Si son nom, l’esthétique de ses pochettes et le look de ses musiciens évoquent automatiquement une certaine forme de rock psychédélique, The Vintage Caravan a toujours sonné beaucoup plus hard rock (avec un côté progressif assumé) qu’on voudrait le croire. Les apparences sont parfois trompeuses. Et encore… Ceux qui ont pu les voir sur scène savent combien la puissance de feu du groupe est beaucoup plus dévastatrice que la musique de bien des formations typées « vintage » ou old school. Car le trio possède un vrai sens du groove et de la mise en place qui font le sel de sa musique, loin du simple hommage aux standards de la fin des 60's et des 70's. Quinze ans après sa formation, le combo islandais sort un cinquième album, à la fois fidèle à ce qu’il a toujours fait et ouvert juste ce qu’il faut sur de nouveaux sons. Car avant toute chose, The Vintage Caravan, c’est du rock solide, ni plus, ni moins, aussi rétro puisse-t-il paraître.

Un rock enregistré « à la maison », en Islande, patrie du trio qui s’est depuis quelques années exilé au Danemark. La tempête a fait rage pendant les sessions. De quoi donner une couleur particulière à certaines chansons, Crystallized en tête (il y est question d’un homme au volant de sa voiture, perdu dans une tempête en Islande, qui finit par quitter son véhicule avant de disparaître totalement). Une chanson qui ancre un peu plus l’univers du groupe dans le réel. Le reste est tout aussi jubilatoire. Là où de nombreux combos du genre s’arrêtent à quelques gimmicks empruntés aux illustres anciens, le trio apporte une vraie fraîcheur, comme s’il s’agissait d’un premier album qui, au-delà de rendre hommage à ses aînés, posséderait encore cette fougue d’une jeunesse qui n’a toujours pas disparu de son ADN (Can’t Get You out of My Mind, Dark Times).

Au milieu de cette forêt de riffs et de plans de guitare furieux, la caravane s’arrête le temps d’une ballade grâce au subtil This One's for You, qui évite de sombrer dans le cliché du slow sirupeux pour ne conserver que la légèreté nécessaire à ce type de chanson pour mieux vous bercer.Un break qui permet de respirer avant d’en reprendre une couche et de s’attaquer au monumental Forgotten de plus de huit minutes et à son incroyable solo de guitare aussi sauvage qu’épique. C’est aussi dans ce registre que s’illustre Óskar Logi Ágústsson, talentueux chanteur-guitariste dont le jeu fait autant appel au blues-rock rugueux de Rory Gallagher qu’à des références comme Page ou Hendrix automatiquement citées quand on parle de classic rock plus psychédélique. Le solo de Hell confirme cet état de fait. The Vintage Caravan n’a peut-être pas encore la reconnaissance qu’il mérite, mais il est clairement au-dessus du lot. Créatif, dynamique, mais toujours mélodique (le magnifique Clarity de fin d’album), Monuments est déjà un incontournable du genre. © Chief Brody/Qobuz