Mémwar in Pèp

Chronique

Firmin Viry est un chanteur incontournable du maloya. En 1976, il est le premier à enregistrer un disque de cette musique hybride, à une époque où elle était interdite sur l’île de La Réunion qui l’a vue naître. Inspiré par les chants d’esclave, synonyme de contestation, de transe et protégée par le parti communiste, le maloya ne fut autorisé qu’après l’élection de François Mitterrand en 1981. En 2006, le pionnier Firmin Viry explore l’une des composantes de la créolité réunionnaise et de ses racines malbars. Il se rend à Cochin dans le Kerala au sud de l’Inde pour enregistrer une poignée de maloya en compagnie de musiciens locaux. Le tambour réunionnais roulèr se fait discret et laisse souvent la place aux tablas, tandis que flûte et violon virevoltent autour du chant de Firmin Viry, auquel, comme à l’accoutumée, les chœurs répondent en créole, parfois rejoints par des voix féminines en malayalam local. Un disque émouvant car Viry réalise là un vieux rêve familial de retourner un jour sur la terre d’une partie de leurs ancêtres et réussit un métissage heureux, inattendu mais finalement très naturel. © Benjamin MiNiMuM/Qobuz