Melody Makers II

Chronique

Après avoir revisité ses émotions musicales d’adolescent dans le premier volet des Melody Makers, le guitariste repasse les plats mais uniquement en apparence et dans l’intitulé, car si Melody Makers II permet de retrouver le power jazz trio fétiche (Clément Petit au violoncelle, et le batteur Cédric Affre) de l’ancien élève de la Beklee School of Boston, l’album est ce coup-ci constitué de onze compositions originales, chargées d’une certaine manière de démontrer comment les influences précitées ont pu être assimilées, et sublimées, à l’instar d’une revendication d’héritage.



On peut aisément imaginer qu’un musicien qui, durant les années quatre-vingt, s’attacha à maintes reprises à rendre hommage à Frank Zappa, ne saurait se satisfaire de climats monolithiques, et c’est naturellement le cas avec cet album séducteur, véritable foisonnement de rythmes en brisures permanentes, et riche d’une cohabitation nerveuse entre délicatesse (la joliesse de certaines mélodies) et lyrisme roboratif, ce qui constitue une assez acceptable définition de l’entreprise menée ici, à savoir jouer de la pop avec les acquis du jazz.

Á moins que ce ne soit le contraire. Les compositions (toutes à quatre mains, celles de Petit et Gaucher), à l’architecture proche de celles des chansons pop, utilisent tous les mérites de la technologie de studio (des possibilités novatrices d’un violoncelle passé à la moulinette de la distorsion, et de la batterie de pédales d’effets mise à la disposition de tout guitariste moderne) sans s’y fourvoyer, et, surtout, bénéficient de l’épatante empathie des trois musiciens. Un album novateur, inventif et sensible, qui démontre si besoin était toutes les richesses du jazz actuel à l’échelle européenne.





Á noter que le réalisateur Thomas Cirotteau (mais il est également ingénieur du son, ce qui ne peut être totalement fortuit en pareil contexte) a tourné un documentaire durant les sessions, film disponible en piste vidéo sur le disque.

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