Ladilafé

Chronique

Nensachant faire que cela, le temps passe, on n’y prend garde, et onnse retrouve quatre ans après le dernier album en studio de Tryo (Ce Que L’On Sème, disque certifié triple platine, pour mémoire),nà attendre avec une certaine fébrilité la fin de l’été 2012npour goûter quinze nouvelles chansons, couchées sur le papier à LanRéunion en 2011, et enregistrées à la fois dans les studiosnRealworld de Bath (le manoir appartient à Peter Gabriel) et ànParis.

Réalisé par Dominique Ledudal (également collaborateur de Peïo), cencinquième opus – Ladilafé (elle l’a dit, elle l’anfait) signifie commérages en créole, et constitue, ainsinque la chanson-titre, d’une extrême pudeur, un hommage à PatricianBonnetaud, fondatrice du premier label du groupe, et récemmentndisparue – conserve naturellement les nuances écologiques,nhumanistes, ou franchement engagées politiquement, qui constituentnses marques de fabrique. Parmi les invités – une tradition pour lenquatuor – on relève les noms de DJ Shadow (-M-) ou d’IbrahimnMaalouf (Beirut) qui agrémentent de leurs inventivités harmoniquesndes refrains où on n’hésite pas à évoquer le principe dendémocratie qui embrasse Tunisie et Égypte (« Printemps arabe »), une écologie désormais en péril de devenir landernière tendance sociétale à la mode (« Greenwashing »,npremier single de la sélection) ou à rendre hommage à BriannWilliamson, militant jamaïcain des droits des homosexuels, assassinénà coups de machette en 2004.

Quant à « Marine est là »nou Le Pen à la toilette qui se fait couler un bain, la chansonnaborde de front (national) la mutation d’une idéologie désormaisnpolicée, tentant de séduire les jeunes générations hexagonales,nignorant du passé (tout le crachin de son papa). Pourtant,nTryo n’omet pas la saveur de ces petits airs sans prétentions,nsouvent aux langueurs caraïbéennes (« Jo le trader »),nqui n’en soutiennent pas moins le portrait au vitriol de certainsntravers de notre époque. Et ne résiste pas au plaisir duncontre-courant, quand, en conclusion et loin de tout jeunisme, ilns’incline sur un mode reggae délicat devant certaines vies biennmenées (« Les Anciens »).

nnnUnnalbum comme une bulle d’oxygène, frais et spontané à l’imagendes gamins de la pochette, des chansons pour ne pas vivren(complètement) idiot, un groupe comme des copains de passage, et unndisque qui permet de ne pas totalement désespérer de l’autre.nDonc, hautement recommandé.

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