La Gran Diversión

Chronique

Révélé à la fin des années 90 par une série de disques qui le propulsèrent aussitôt parmi les rénovateurs les plus prometteurs du latin jazz, Roberto Fonseca, né à La Havane dans une famille de musiciens (son père était batteur, sa mère, chanteuse et ancienne danseuse du Tropicana Club) a fait ses classes tout au long des années 2000 au sein du groupe Buena Vista, puis aux côtés du mythique chanteur de boléro Ibrahim Ferrer, tout en développant parallèlement une musique beaucoup plus moderniste faisant se fusionner dans un esprit syncrétique propre aux musiques caraïbes, jazz, funk, soul afro-cubaine mais aussi hip-hop et électronique.

Dans ce nouveau projet, créé et muri sur scène entre Paris, New York et La Havane avant d’être enregistré, le pianiste se donne comme mission de ressusciter l’esprit (plus que la lettre !) du célèbre club du Montmartre des années 30 La Cabane cubaine sans à aucun moment renoncer à son tropisme progressiste. A la tête d’une formation truculente et à géométrie variable fondée sur une section rythmique foisonnante de rythmes enchâssés, propulsant saxophones, cuivres rutilants et cordes enfiévrées, Roberto Fonseca, en un kaléidoscope de couleurs, d’impressions et de sensations, mêle les genres, les traditions et les époques avec une maestria extraordinaire.

Passant d’un hommage impressionniste bouleversant à sa mère (Mercedes) à la grande tradition du latin jazz (Oya) ; d’une chanson d’inspiration yoruba (Osini) à un clin d’œil virtuose à Oscar Peterson (Oscar Please Stop) ; d’un mambo déchainé porté par la voix de Clarence Bekker (Mani Mambo) à une magnifique rencontre avec la violoniste Regina Carter (Kinka Mache); Fonseca multiplie les points de vue et les histoires, signant probablement l’un de ses disques les plus intimes. © Stéphane Ollivier/Qobuz