Karma

Chronique

Le parcours musical du groupe tunisien est intéressant à plus d’un titre. D’abord parce qu’il prouve qu’on peut mêler le rock ultra-saturé à la musique orientale de la plus naturelle des manières. Ensuite parce qu’il indique qu’il est possible de faire évoluer son univers, en allégeant certains arrangements sans rien perdre de son impact. Si les débuts de Myrath furent marqués par une forte connotation progressive, son propos a pris une forme plus power metal avec le temps, voire symphonique, la mélodie tenant une place prépondérante au sein de chaque composition, encore plus depuis la sortie de Legacy en 2016. Les premières secondes de To the Stars ont beau laisser résonner une guitare aux portes du djent, le côté progressif prend tout de suite le relais avant de laisser exploser des sons de claviers et de cordes qui apportent cette touche ample et orchestrale à la composition. Le combo semble avoir trouvé le parfait équilibre pour satisfaire les adeptes de musique progressive sans rebuter un public moins expérimenté attiré par les mélodies développées en parallèle.

Certes, Karma continue dans le sillon tracé par le groupe ces dernières années, au risque parfois de flirter avec des ambiances à la limite du mielleux (les refrains de Let It Go et de The Wheel of Time), mais c’est pour mieux faire chanter les foules grâce à des refrains au contenu terriblement FM, mais fédérateurs en diable. Un passage nécessaire pour rétablir l’équilibre par la suite en alignant des riffs plus solides comme ceux entendus dans Temple Walls. Myrath assume parfaitement ses choix artistiques. Son metal progressif est clairement devenu grand public. Mais on ne peut que respecter ce choix. D’abord parce que ses excellents musiciens maîtrisent parfaitement leur propos. Ensuite parce qu’il reste ce groupe qui intègre à merveille des mélodies venues d’ailleurs au sein d’une musique axée sur des riffs qui déboitent. Enfin parce qu’il possède un chanteur qui, dans ce domaine, impose une voix incroyable, en parfaite adéquation avec le contenu des compositions sans jamais abuser d’effets de style pour se mettre en avant. Un sacré savoir-faire qui force le respect. © Chief Brody/Qobuz