Heart Of The Congos

Chronique

Totalement mythique avant sa réédition en 1996 par le label anglais Blood & Fire, Heart of the Congos était considéré comme un album "perdu" du reggae. Seuls quelques vinyles craquants, et parfois largement tronqués, attestaient que le chef d'oeuvre existait bien.

En effet, il s'agit bien d'un sommet du reggae roots, malgré sa date de sortie tardive de 1977. The Congos perpétuent la tradition du trio vocal jamaïcain avec l'accord incroyable des voix de Cedric Myton (contre-ténor ou fausset), Roydel "Ashanti" Johnson (ténor) et Watty Burnett (baryton). The Congos poussent à ce niveau la perfection encore bien plus loin que The Wailers, Israel Vibration, Culture ou Burning Spear.

Heart of the Congos bénéficie de plus de la production de Lee "Scratch" Perry au sommet de son art, alors même qu'il commence à verser dans la folie avec ses démêlés épiques avec Island et Bob Marley concernant les droits sur cetains titres de The Wailers. Le son est d'une densité, d'une présence moite, Lee "Scratch" Perry capture l'ambiance de la Jamaïque à chaque prise, c'est proprement incroyable.

Que ce soit les voix de « Fisherman » ou les percussions nyiabinghi de  « Congoman », Heart of the Congos est un disque en 3D, tellement les vibrations jamaïcaines s'échappent du disque et se muent en images. Que dire des bruitages totalement imprévisibles que Lee "Scratch" Perry balance au gré de son inspiration ? Rarement un producteur a autant fait corps avec sa création.

Heart of the Congos bénéficie bien sûr d'une équipe parfaite avec la présence de Sly Dunbar, le maître des rythmes, Ernest Ranglin à la guitare, Uziah "Sticky" Thompson pour les percussions et Gregory Isaacs aux choeurs, c'est dire le niveau des intervenants.

Indémodable, indispensable, sans ajouter de superlatifs, il suffit de dire que quitte à posséder un album de reggae roots, autant que ce soit Heart of the Congos...




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