Half Drunk Under a Full Moon

Chronique

Quinze années séparent ce sixième album des Fratellis et leur premier, le fameux Costello Music (2006) qui n’avait rien à voir (ni à entendre) avec Elvis Costello mais dont le tube surprise Chelsea Dagger emmena le groupe vers un succès mondial immédiat (et près de deux millions d’exemplaires écoulés). Les trois faux frères Fratellis, puisque les trois amis se présentent comme les frères Fratellis à l’époque alors qu’ils n’ont rien d’italien (et ne sont pas frères) savent alors broder des ritournelles rock avec cette petite patine vintage qui fait mouche. Mise en scène un jour, mise en scène toujours : ce sixième album est encore une fois une invention, un concept, un décor. Le titre est lui-même très cinématographique, Half Drunk Under a Full Moon. Les dix chansons qui le composent sont autant de scènes que l’on imagine aisément en écoutant défiler les paroles… Ainsi ce Strangers in the Street flirtant avec le kitsch d’un romantisme écrasant. On retrouve alors derrière ces chansonnettes cet esprit écossais ironique, bien souvent séduisant.  D’ailleurs l’influence la plus évidente à l’écoute de Half Drunk Under a Full Moon est un hommage au doo wop des girls groups des sixties tels que les fabriquait la Motown de Berry Gordy, des Supremes au Marvelttes en passant par Martha & The Vandellas. Décalé à souhait et plutôt efficace sur le bien nommé Need A Little Love avec son refrain accrocheur. Les trois musiciens sont des experts en rétro et effectivement à l’écoute de chacun des titres on sent les années soixante dans les moindres recoins sonores. L’effet Wall of Sound cher à feu Phil Spector semble se répandre le long de tout cet album, saisissant sur The Last Songbird, ajoutant à la singularité et l’anachronisme du projet. Au final, les trois faussaires du rock démontrent leur savoir-faire et font de Half Drunk Under a Full Moon une expérience pas forcément très originale mais très bien confectionnée. © Yan Céh/Qobuz