Font la gueule

Chronique

Qui a dit que les Wampas n'avaient pas de plan de carrière ? Le groupe qui, du haut de trois décennies d'activité, contemple avec amusement son sort d'ultime poil à gratter du rock / punk français, s'est joué de toutes les chausse-trapes du métier et autres coups tordus pour se hisser au statut de dernier des Mohicans, y compris un passage mouvementé sur une major du disque quand celui-ci possédait encore quelque signification. On ne la leur fait pas, aux Wampas, qui dispensent - en 2014 - un énième volume de, euh, chansons.

Sur un plan strictement musical, rien n'a changé - ou si peu que ça ne s'est pas remarqué -, et c'est tant mieux. Car il est à peine besoin de souligner que la force du quintette trash réside dans des textes très travaillés (sic), servis éructés, à gorge déployée, par la voix égrillarde de son retraité de meneur. Qui d'autre en effet pour revenir sur « Le Bug de l'an 2000 » (« Tu me prends pour un débile ? ») ou « Les Ravers de Spezet » avec un tel aplomb anachronique ? Encore mieux : quel rocker peut-il se permettre d'hurler à tue-tête « La variété française est morte », ce que fait le nostalgique de Cloclo dans « Mars 78 » ?

Une théorie voudrait que les Wampas soient de ces belles maladies honteuses à écouter en cachette, à moins de plaider coupable et d'assumer des délires à prendre au dixième degré quand les riffs le sont au premier (« La Fille du train chenille »). Certes, les guitares folk rock / ligne claire carillonnantes de « Marfa » peuvent servir d'alibi archéo-historique et la ballade humide « Julie London » faire couler une larme, mais force est de constater que Les Wampas Font la Gueule n'est rien d'autre qu'un album purement jouissif. Et pas si misogyne que cela, au fond, entre les déclarations enflammées de « Je voudrais », « Toi et moi » et les souvenirs de « Victoria » ou de « Valérie ». Cela sent la préméditation, encore un coup des « Lesbiennes bavaroises ».

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