Face Control (Album)

Chronique

La fonction groupe-couple revient en force, de Tings Tings en The Kills, sous ombre portée White Stripes, comme au beau temps des années 80 où cette architecture faisait flores (chez nous, cela partait de Niagara, passait par les Rita Mitsouko pour se finir en Kas Product). Les années 1980, justement, sont en ossature minimale dans le son de ce duo canadien, constitué de Dan Boeckner, ex-Wolf Parade et sa fiancée Alexei Perry, de Montréal.

Il chante et martyrise sa guitare, elle triture une boîte à rythmes, et ils produisent un son décharné, réminiscent des Cramps pour les atmosphères rockabilly de série B, ou Chris Isaak pour la tonalité romantico hantée, le tout monté sur boite à rythme désossée, en cousinage Metal Urbain. Avec leurs textes de voyageurs (qu’ils sont, habitués des tournées à rallonge dans les improbables pays de l’Est), leur americana de pacotille (on sent l’influence induite des shooters du blues, et des pécores rockabilly), et cette modernité de petite entité compacte, mobile et cheap, Handsome Furs livre là un deuxième album au charme modeste, sur le fameux label Sub Pop.

Il y a dans ces chansons perturbées de bruitages et d’écho, de fuzz et de cassures, une candeur comme on n’en trouve plus guère aujourd’hui. Ce groupe n’a pas réfléchi au marketing de son concept, il s’est lancé dans l’aventure tels prêcheurs itinérants, amenant en France comme en Scandinavie, en Estonie comme en Lituanie, leur cabaret rock'n’roll sexy et instinctif. On les imagine bien sur la B.O. d’un prochain Wim Wenders, ils sont près de l’os, cultivés et bruts à la fois, et l’on imagine que sur scène, leurs vignettes prennent encore une autre dimension, dans la sueur et le bruit. Handsome Furs est avant tout un groupe libre, dont les chansons ne sont que des retranscriptions fidèles de cette vie errante qu’ils mènent, d’hôtels de seconde catégorie en loges mal chauffées, et qu’ils transcendent.



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