Director's Cut (2018 Remaster)

Chronique

Au chapitre des cadavres exquis, la native du comté de Kent se pose un peu là, dans la mesure où, sans nouvelles de la chanteuse depuis Aerial (2005), son auditoire était en droit de bénéficier d’un répertoire inédit. Or, point du tout, car Director’s Cut, reprenant une terminologie cinématographique, est un terme qui identifie un agencement effectué sous la responsabilité pleine et entière du metteur en scène.

Or, que le premier qui pense que Kate Bush se soit jamais laissée marcher sur les pieds dans la réalisation de ses albums a tout faux. Pourtant, l’originale artiste, désormais plus que quinquagénaire, n’a pas hésité à ré-enregistrer une sélection de titres figurant initialement dans les albums The Sensual World (1989) et The Red Shoes (1993). Certains éléments ont été ré-enregistrés, d’autres, jugés comme ayant atteints l’état de perfection dans leurs formes initiales, sont conservés.

En convenant qu’une artiste fait absolument ce qu’elle veut de ses propres créations, il n’en demeure pas moins qu’une sacrée hypothèque n’est pas levée en la circonstance. En effet, le chef d'oeuvre The Sensual World, qui bénéficia jadis des collaborations de David Gilmour et de Michael Nyman, n’avait nul besoin d’un pareil lifting : la chaleur et l’intelligence des séances initiales ont parfaitement traversé les années. A contrario, The Red Shoes reste assurément un disque médiocre, vraisemblablement le plus faible de la discographie de la dame, boursouflé par les redites et les (petites) lubies d’une artiste alors en roue libre : revoir cette copie trop passable est même un exercice assez vain et, in fine, ennuyeux. Le constat est troublant, comme si l’auditeur passionné s’avérait finalement plus respectueux de chansons historiques qui ont marqué une époque, que la créatrice même des refrains en question.



Á noter que Director’s Cut bénéficie, si l’on peut dire, d’un nombre pléthorique d’éditions : standard, luxe, coffret triple (incluant cet album ainsi que The Sensual World et The Red Shoes en versions remastérisées), édition vinyle, etc. Tous produits déclenchant un tintement de tiroirs-caisse qui occultera, qui sait, le son de la musique.

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