Deep Rockers

Chronique

Depuis le début 2013, la jeune garde du reggae français fait souffler le feu sacré de Jah sur l'Hexagone. Après Biga Ranx et Yaniss Odua, c'est le juvénile Naâman qui s'y colle. Révélation de l'année pour le site Reggae.fr, et déjà auteur de la convaincante mixtape Deep Rockers en 2012, le Normand a quelques atouts à faire valoir. Déjà un premier album fort bien produit en Jamaïque au Harry J studio par Sam Clayton et Stephen Stewart. Avec en prime les présences rassurantes de Sly Dunbar (batterie), Daniel "Axeman" Thompson (basse), et Dalton Browne (guitare). L'enthousiasme de Naâman et de son phrasé sont parfaitement mis en valeur par cette afflux de couleur locale.

Au niveau des compositions, Naâman et son ami Fatbabs s'en tirent avec les honneurs. Déjà présent sur Deep Rockers, « Skanking Shoes » fait office de tube par sa capacité à se faire lever les foules. Plus roots, « House of Love » souligne la capacité de Naâman à se fondre sans dommage dans la tradition malgré son approche moderniste du reggae. « Badman Beware » est un riddim inspiré, à la fois pesant et dynamique. Encore une fois le phrasé de Naâman empoche le morceau et fait oublier sa voix encore bien jeune.

C'est le principal problème de Naâman qui peine par exemple à exister face à Cutty Ranks sur « Rebel for Life ». Sa voix paraît par moments bien fluette, et manque de la tessiture particulière des Jamaïcains ainsi que de leur accent. Un Biga Ranx est par exemple bien mieux outillé à ce niveau. Ce n'est certainement qu'une question de travail pour un artiste qui connaît en deux ans une progression déjà vertigineuse.

Deep Rockers Back a Yard n'oublie pas le reggae acoustique avec un « One Day » final qui résonne des échos d'une de ces cours (yard en patois jamaïcain) où est né le reggae. Des trois jeunes lions du reggae français, Naâman est certainement le plus complet. Et aussi le plus perfectible comme le révèle Deep Rockers Back a Yard au-delà de sa bonne tenue d'ensemble.
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