Cosy Bang Bang

Chronique

Figure montante d’un rap français jamais avare de success stories, ce trio de Montpelliérains est composé de Bunk, Faktiss et Jiddy Vybzz, et brandit des influences aussi variées que les traditionnels gros bras américains ou hexagonaux du genre (Booba, Kendrick Lamar ou encore Disiz La Peste, dont ils ont assuré la première partie), que quelques réminiscences jazz ou pop. Ces dernières transparaissent effectivement dans le souci permanent d’efficacité qui habite ce premier album au goût mitigé. Car on ne sait jamais trop sur quel pied danser avec Set&Match. 

Cosy Bang Bang démarre sur les chapeaux de roue avec les rageurs « Chiens sauvages » et « Fallait pas m’inviter », qui, s’ils enfoncent quelques portes ouvertes, n’en demeurent pas moins très « catchy ». L’ambiance est plus calme sur « Quoi de neuf » ou sur le planant « Silence ». Celui-ci dépeint le quotidien d’un jeune cherchant la tranquillité d’esprit dans l’isolement plutôt que dans la violence, rompant d’un coup avec les clichés du genre : « Je vis en marge, nique les codes, nique les formes, jamais mis en cage »... énoncés quelques plages plus tôt dans le guide du petit bad boy illustré.

S’il ne s’agit pas complètement d’une contradiction, il s’agit au moins d’un sacré paradoxe, que l’on retrouve sur le faussement convenu « Tout s’achète » (« Même la retraite », disent-ils avec beaucoup d’à propos), lequel cache en réalité une critique acerbe de la société de consommation galopante.

Après cette preuve d’un discernement rassurant, une question revient immédiatement avec les très lourds « Je les aime » et « C’est pas ma faute » : à quel point les trois jeunes futurs héros ont-ils donc besoin de se faire adouber pour foncer à nouveau à tombeau ouvert dans les clichés d’un rap sexiste, en endossant le très démodé costume du goujat dans ces déclarations d’amour toutes personnelles à la gente féminine ? « Je les aime surtout quand elles m’aiment » ; « si je t’ai trompée, c’est qu’elle était beaucoup trop bonne, les seins refaits » ; ou encore « Je reste assis devant ton boule, ton déhanché » (dans « On dirait le sud ») font ainsi partie de ce menu hautement indigeste auquel il convient de préférer les illusions perdues du désabusé mais honnête « Jeunes » (« on voulait nos gueules sur des posters »). 

On l’aura compris, le potentiel (pas seulement commercial) du trio est évident lorsque l’authenticité est de mise. Un second opus sera donc attendu de pied ferme. En langage plus fleuri, avant de conclure par Set&Match, on ne serait donc pas contre un petit tie-break. Juste pour être sûrs...

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