Come Home to Mama

Chronique

Chez les Wainwright, on a le sens de la famille puisqu’aussi bien le troisième album studio de la trentenaire américano-canadienne, fille de Loudon Wainwright III et sœur de Rufus, est illuminé par une version de « Proserpina », mélancolie erratique et chorale sous arpège beethovenien et violon déchirant dont un vers donne son titre à l’opus et qui fut composée – ce fut son ultime chanson - par Kate McGarrigle, chanteuse et maman récemment décédée. Par ailleurs, c’est l’entièreté du disque qui se trouve inspirée à la fois par ce décès et à la fois par une récente maternité.





Pour le reste, l’album enregistré majoritairement dans le home-studio new-yorkais de Sean Lennon – si l’on omet quelques sessions montréalaises - et produit par la Japonaise Yuka Honda pourrait bien constituer la meilleure production de Martha Wainwright. Assurément et tout d’abord, une surprise pour les habitués de la chanteuse, qui, de même qu’elle offre une iconographie simplement sexy et glamour au premier abord mais en fait chargée d’ironie, a concocté une succession de refrains où elle sait se défaire de la préciosité qu’on lui a parfois reprochée pour une interprétation plus près de l’os.

Ainsi, la tentative d’un journal intime en musique prend toute sa dimension dans « All Your Clothes », supplique adressée à la mère absente mais également célébration de la naissance d’un petit garçon et constat amer d’un mariage qui vacille. Précisons toutefois que Wainwright qui a opté ici pour des orchestrations riches en claviers foisonnants ne se morfond pas dans un exhibitionnisme navré et manie avec une constante acuité un humour acide qui fait mouche à plusieurs reprises (« Can You Believe It ? »).
 


Un excellent album en tous points, doux, sensible mais digne et tendu, susceptible d’instaurer un peu de chaleur sincère au creux de l’hiver qui pointe son nez. Á noter que dans les cartons de Martha Wainwright repose mais pas pour longtemps, le projet d’un album entièrement interprété en français, à paraître au tout début de 2013.

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