Carpe Diem

Chronique

Saxon s’est formé en 1970 et a changé quatre fois de patronyme pour finalement devenir en 1978 le groupe que l’on connaît. Ses membres fondateurs, Paul Quinn (guitare) et Biff Byford (chant), ont respectivement 70 et 71 ans. Carpe Diem, son 24e album studio, montre pourtant que le groupe de heavy metal est loin d'être essouflé. Certes, le combo anglais ne fait pas partie de ceux qui ont occasionnellement livré de très mauvais disques. Si certains essais en demi-teinte se sont révélés plus dispensables, aucun ratage total n’a jamais terni l’image de Saxon, et le fameux « album de trop » encore moins. Mais se prendre en 2022 une gifle digne de celle infligée par les classiques du groupe (Wheels of Steel, Strong Arm of the Law, Denim and Leather) restait malgré tout assez improbable. Cela nous apprendra à ne jurer de rien, car cette nouvelle livraison réinstalle le quintet du Yorkshire tout en haut de la hiérarchie des riffeurs de génie. Comment rester insensible au morceau qui ouvre les débats ? Comment ne pas dodeliner du chef à l’écoute de l’enchaînement parfait que constituent les six premiers titres ? Du majestueux The Pilgrimage au tubesque Remember the Fallen (dédié aux victimes de la pandémie), en passant par les nerveux Age of Steam et Dambusters, rien, strictement rien n’est à écarter. Et que dire de Super Nova ou de Living on the Limit (ce riff !) qui sortent presque du cadre heavy pour aller fricoter avec le speed metal ? Quelle santé mes aïeux ! Seul Lady in Gray constitue le petit ventre mou de l’album, mais au regard de la collection de brûlots qui l’entoure, on ne va certainement pas faire la fine bouche pour cinq minutes. Biff Byford chante à la perfection, avec une hargne et une conviction jamais démenties. Nigel Glocker (batterie) est impérial tout du long, et les solos de guitare que se partagent l’inamovible Paul Quinn et son binôme Doug Scarratt ont bien des choses à raconter. On est loin de l’écriture automatique ou du groupe en roue libre, et la production parfaite d’Andy Sneap (Judas Priest), traditionnelle mais adaptée aux canons de puissance actuels, ne souffre d'aucun reproche. Saxon, c’est toujours aussi bien maintenant. © Charlélie Arnaud/Qobuz