Canibalismo

Chronique

Déjà que la cumbia colombienne est peu connue en France, alors que dire de sa descendante la chicha péruvienne ? Peu importe, puisque c'est directement sur place que le Français établi à New York Olivier Conan a découvert ce rythme tropical. 

La chicha reprend le rythme sautillant de la cumbia, en lui substituant l'accordéon par des guitares volontiers psychédéliques à l'origine. La subtilité de Chicha Libre est de ramener l'accordéon dans la chicha via un Electravox wah wah (accordéon électronique des années soixante) aux sonorités planantes.

L'autre ingrédient ajouté à cette musique picaresque par Chicha Libre, est une bonne dose d'humour, un regard malicieux sur le Pérou et ses habitants. « La Danza del Millionario » ou « Lupita en la Selva y el Doctor » font partie de ces historiettes savoureuses fort appréciées par les natifs d'Arequipa ou Trujillo. « Muchachita del Oriente » donne l'occasion à Karina Colis et Neil Ochoa de déchaîner leurs percussions à tout-va, libérant un surplus de sève dans un disque qui en est gorgé.

Toujours rieuse, la chicha de Chicha Libre s'offre même le luxe de prendre dans ses filets le célèbrissimme thème de La Chevauchée des Walkyries, qu'il transforme en improbable (quoique ?) musique de western spaghetti pour Sergio Corbucci déjanté. Seul bémol d'un disque qui pousse irrésistiblement à s’attabler devant une Cusquena (bière de la région de Cuzco) et des anticuchos (brochettes de coeur de boeuf mariné au paprika), les voix qui manque de cette suavité typique de l'Amérique Latine. 

Mais là, on chipote peut-être un peu.

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