Bobo Playground

Chronique

« Bobo Playground est pensé comme un terrain de jeux poétique et musical, où je ris un peu de mon milieu social, que les journalistes ont appelé « Bobo », comme une égratignure, une petite blessure. Ce terme m’amuse beaucoup, et un bobo n’est pas grave tant que quelqu’un est là pour le désinfecter, le panser. » Ainsi parle Alexis HK au sujet de son huitième album. Entre le one-man show et la chanson, avec son inimitable air de ne pas y toucher, ce parisien désormais exilé dans la Vallée de la Loire (un véritable bobo donc !) égrène les sujets d’actualité et tape là où ça fait mal. Parmi ses cibles se trouvent les bobos parisiens, donc, mais aussi un Donald Trump qu’il imagine soudainement bienveillant (Le Tweet) et un rappeur senior et radoteur (Comme un rappeur). Le trait d’Alexis HK s’affine avec ces deux peintures sociologiques attachantes que sont Elle te kiffe (portrait d’une mère célibataire qui traine sur Tinder) et J’ai 18 ans (sur un jeune homme ayant déjà bravé moult interdits avant même sa majorité). Dans un registre plus andante qui clôt l’album de manière surprenante, citons le piano voix Ville lumière, dans lequel il est question du sort des sans-abris. La nonchalance de la voix d’Alexis HK s’accorde à ses arrangements minimalistes et souvent décalés, comme dans (No) Knight, qui fait dialoguer des cuivres synthétiques conquérants avec des instruments enfantins. L’humour absurde est également présent dans sa reprise du tube Particulier particulier, qu’Alexis HK passe au filtre de sa torpeur, laquelle est accentuée par une petite rythmique reggae. Une reprise ludique qui justifie à elle seule le titre de l’album. Entre ritournelles obsédantes et petits jeux de massacre, l’album d’Alexis HK est bel et bien une cour de récréation permettant de se libérer de la morosité ambiante. ©Nicolas Magenham/Qobuz