Before the Poison

Chronique

Pour marquer ses quarante années de carrière, Marianne Faithfull marque le coup, comme pour signifier qu’elle est toujours là, avec un album hypnotique, à la hauteur de l’événement.

Before the Poison est le résultat de l’alchimie provoquée par la rencontre de personnalités prolifiques et tourmentées. Au programme, des mélodies lancinantes ponctuées de rythmes plus électriques, des mystères et de l'introspection. Cet album est acclamé par le public et la critique tant la chanteuse y apparaît au sommet de son art. Même sa voix, rocailleuse et reconnaissable entre toutes, semble avoir élargi son registre. Si depuis le début des années 1990, de nombreuses collaborations ont jalonné sa carrière, on la sent ici plus en phase que jamais, tant avec les textes qu’avec les rythmes et les mélodies. Comme si Nick Cave et PJ Harvey avaient tout simplement compris l’essence du personnage et la moindre de ses multiples facettes.



Dès « The Mystery of Love », le morceau d’ouverture, l'auditeur est transporté puis aussitôt bousculé par « My Friends Have », une élégante façon, pour Marianne Faithfull, de montrer qu’elle peut toujours surprendre et surgir là où nul ne l’attend. Elle joue sur la corde sensible, parvenant à créer une atmosphère unique, toujours sur le fil du rasoir. Entre une apparente sérénité dictée par la sagesse et l’émergence d’émotions que l’on croyait enfouies. « Find your own way... » se lance-t-elle à elle-même dans « No Child of Mine », ballade aux délicieux accents irlandais. Et c’est peut-être là le plus précieux conseil que puisse dispenser quelqu’un qui a pour ainsi dire tout connu. Car, avec ce disque, ce n’est pas aux oreilles qu'elle s’adresse mais aux tripes, au subconscient, voire à l'âme.

À l’arrivée, Before the Poison est un album puissant, parfois déroutant mais considéré dès sa sortie comme son meilleur depuis Broken English. À presque 60 ans, il apparaît évident que l’heure de la retraite n’a pas encore sonné pour Lady Marianne.


 

 

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