Aucun mal ne vous sera fait

Chronique

Alister a a priori tout du type énervant. Un chanteur très parisien (pour autant que ce qualificatif désigne vraiment autre chose qu’une origine géographique), au look faussement débonnaire et dépouillé, cachant habilement une « branchitude » très travaillée, des textes cyniques et/ou ironiques, donc faciles ; et un premier album bénéficiant de critiques dithyrambiques la plupart du temps.

Et pourtant, comme son titre le promet, ce premier album va vous faire beaucoup de bien. Oubliés, les a priori. Envolés, les clichés préprogrammés dans notre cerveau, collés sur des individus comme pour simplifier le monde de manière rassurante. Alister n’est pas énervant. Alister a finalement à peu près le même look que nous, et nous sommes au moins aussi cyniques (faibles ?) que lui. Il aurait même tendance à être sacrément talentueux cet Alister, une fois que l’on a pris la peine d’écouter attentivement son disque.

Sorti du sympathique et drôle « Qu’est ce qu’on va faire de toi ? », on tombe sur un « Barnum » éclatant de beauté (de loin le meilleur titre de l’album), sorte de croisée des chemins entre Lou Reed, Tori Amos et Cat Power. Remis de cette chanson (sans avoir l’arrogance de croire que ce sera facile), une autre facette d’Alister se laisse découvrir à loisir, sur le très pop « Filles à problèmes », petit hymne fuzz pop entre Plastic Bertrand et Supergrass… Viennent le « Désordre » (Adamo ou Dutronc ?) qu’à aucun moment on a envie de ranger, juste avant de partir pour « Miami » où « les vieux toussent et les blondes gloussent ».

Sur la totalité du disque, rien n’est à jeter. Et même si les dispensables « Paris By Night » et « Psycho Lover » rendent Alister potentiellement perfectible, on est en proie à une émotion étrange et jusqu’alors réservée à des artistes anglo-saxons. A vrai dire, rarement un artiste issu de la très formatée « nouvelle scène de la chanson française » n’aura autant convaincu sur un premier album.





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