Au-Delà Du Délire

Chronique

Un serf laboure avec constance une dune sablonneuse, sous un ciel pourpre et orangé, dans lequel sont fichés lunes et soleil en farandole. Au loin, un château comme on n’en rencontre nulle part, même en Franche-Comté…

Troisième étage de la fusée Ange (après Caricatures en 1972, et Le Cimetière des Arlequins en 1974), Au-delà du Délire, premier authentique concept-album des p’tits gars du Doubs, sanctionne la position éminente du groupe dans le paysage du rock progressif hexagonal, voire européen. Eux qu’on a voulu voir simplement comme une copie affadie de Genesis, content l’épopée médiévale de Godevin Le Vilain, dans un Moyen-Âge fantasmagorique, où se croisent fou de Dieu (« Si j’étais le Messie »), et fou de sexe (« Ballade pour une orgie »).

En authentique Géo Trouvetout, Francis Descamps bricole ses claviers, afin d’en tirer des sons inouïs, qui constitueront, une décennie durant, la marque sonore d’Ange. Quant à son frère Christian, enfin favorisé par une prise de son qui ne noie pas son chant dans la pâte des guitares, et de dynamiteuse section rythmique, il tient à bout de voix – bondissant sur des vers souvent outranciers, mais toujours pleins d’allant, et d’élan – un album fantasque, et profondément original. Et la force de l’inspiration y compense une évidente datation des sonorités.

Au-delà du Délire sera certifié disque d’or, quelques jours à peine après son arrivée dans les bacs des disquaires.

©Copyright Music Story Christian Larrède 2015