7000 danses

Chronique

Ce quatrième album d’Indochine est sorti au mois d’octobre 1987. Pour échapper à la pression, le groupe a appuyé sur la touche pause, il n’a rien sorti l’année précédente, et, surtout, s’est exilé sous le soleil des Antilles pour enregistrer en toute tranquillité, plus exactement aux Bahamas. Période de transition, le groupe n’a alors plus rien à prouver, il doit juste confirmer son succès et affirmer qu’il lui reste encore de nombreuses cartouches à dégainer. D’où ce corbeau sur la couverture, un oiseau réputé pour son intelligence et son organisation sociale. Indochine pense à son avenir et réfléchit en conséquence, pour maintenir au mieux le cap de la bonne fortune. Il fait ainsi appel à un vrai batteur, Mark Brzezicki, histoire de se débarrasser définitivement de la boîte à rythmes.

S’il n’y eut qu’un single extrait de ce disque, Les Tzars, cela n’empêche pas les neuf titres d’offrir une véritable cohésion d’ensemble. C’est même la première fois que l’on remarque une réelle unité de son, portée par une envie d’espace et de recul sur les évènements passés mais avant tout sur le futur. Et puisqu’elle est doublée d’un engagement, la dénonciation du totalitarisme, une première pour Nicola Sirkis, est une pleine réussite. Le morceau titre 7000 Danses est tout en poésie et méditation, une pièce qui dépasse les 6 minutes, un format adulte comme jamais le groupe n’en a livré. Cela n’empêche le titre Il y a un risque (le mépris) d’offrir un tempo fringant qui donne autant envie de se déhancher que de profiter. C’est assurément l’album de la maturité, le disque par lequel le groupe prend son public par surprise, avec autre chose que des hymnes emportés de 3 minutes. Disque riche en promesses, le public répond présent, puisqu’il s’écoule à 400 000 copies. © Christian Eudeline/Qobuz