27 fois l'aurore

Chronique

Il faut l'ambiance particulière du Québec pour donner naissance à des artistes avec des personnalités aussi fortes que celle de Salomé Leclerc. Entre une vision très nord-américaine du monde moderne et la proximité de grands espaces encore empreints de vie sauvage, la Belle Province a tous les atouts pour être le terreau idéal d'inspirations originales. Découverte en France en 2012 avec l'album Sous les Arbres réalisé avec l'aide d'Emily Loizeau, Salomé Leclerc en fait partie.

Il ne faut pas se fier à son apparence de frêle jeune femme qui collait parfaitement à son premier album, la bougresse a du coffre et sait rugir à bon escient. Encore mieux, en deux ans elle est passée d'une inspiration folk un peu convenue à un brouhaha electro rock des plus contemporains. Le tout avec une façon bien à elle de raconter des histoires impressionnistes où la nature tient une grande place.

Le chant de Salomé Leclerc, qui aime appuyer sur les tonalités rauques, a quelque chose de chamanique, une intensité parfaite pour tenir tête au larsen des guitares. Symbole de cette évolution, « En Dedans » condense en une chanson de très haut niveau toutes les qualités de Salomé Leclerc. Une chanteuse qui aime autant les explosions que les ambiances feutrées mais lourdes d'un trip-hop façon « Et si cette fois c'était la bonne » ou « J'espère aussi que tu y seras ».

Lorsqu'elle se dit inspirée par James Blake ou Atoms for Peace (le groupe éphémère de Thom Yorke) pour ce deuxième album, Salomé Leclerc dit certainement vrai. 27 Fois l'Aurore doit peut-être quelque chose à d'autres, mais il doit mille fois plus au talent d'une chanteuse qui se pose en égale francophone d'une Cat Power ou d'une PJ Harvey.

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