Wax

Chronique

Parti à quatre, Indochine n’est au moment de la sortie de ce septième album, en novembre 1996, plus qu’un duo. Après le saxophoniste Dimitri Bodianski (qui fait une apparition sur Drugstar), c’est au tour du guitariste Dominique Nicolas de quitter le groupe. Restent les deux frères Nicola et Stéphane Sirkis, épaulés de musiciens additionnels : le bassiste Marc Eliard, le pianiste Jean-Pierre Pilot et le guitariste Alexandre Azaria. Autant dire qu’après quinze ans tout juste, l’Indochine des débuts s’est complètement métamorphosé, à l’image de sa musique, volontiers plus emportée et fougueuse qu’hier, plus aventureuse et maîtrisée aussi.

Le premier titre Unisexe d’inspiration 60’s met en avant le rock à guitares, même si le suivant Révolution s’aventure dans des territoires funk voire gospel jamais encore explorés. Drugstar raconte l’espièglerie d’enfants turbulents qui, dès que leurs parents s’absentent, en profitent pour s’éclater, avec une référence osée au triolisme : “Rien que nous trois / Rien que tous les trois”. Indochine n’a pas la langue dans sa poche, laisse parler ses envies, et fait montre d’une extraordinaire tolérance. Rien ne le choque et surtout pas des pratiques acrobatiques ni homosexuelles, Je n’embrasse pas raconte l’amour de deux hommes. Ce qui ne l’empêche de dénoncer de vraies horreurs dans Mire (live), pêle-mêle celles que nous délivrent les informations quotidiennes : l’affaire Dutroux, l’excision des petites filles, les commandos anti-avortement…Détail important, l’hymne ultra-cadencé Satellite, édité en single, voit la pochette habillée par un certain Olivier Gérard qui deviendra peu de temps après Oli de Sat. Un musicien important dans le devenir du groupe, qui pour l’instant ne parvient à vendre que 80 000 copies de ce disque. C’est la fameuse traversée du désert des années 90, avant la résurrection. © Christian Eudeline/Qobuz