Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism (Bonus Tracks Version)

Chronique

En presque trente années d'existence, Napalm Death a essoré une vingtaine de musiciens, dont il ne subsiste plus aucun membre de la formation originale dans l’effectif actuel, mais le groupe a toujours à cœur de démontrer la vitalité de sa musique. Après cinq années essentiellement passées sur les routes, Napalm Death a finalement trouvé le temps de concrétiser un nouvel album, même si la méthode fut assez atypique. Le groupe a en effet décidé de s’appuyer sur plusieurs séances, enregistrées depuis 2017 pour donner une suite à Apex Predator – Easy Meat (2015). Hors de question de se précipiter en studio donc pour enregistrer dans l’urgence et sur une période courte, Napalm Death a préféré prendre le temps, le laisser faire son office, à contre-courant de la très grande partie des productions actuelles. 

Parfois violent, Throes of Joy in the Jaws of Defeation est à l’image de la société, telle qu’elle est dépeinte par les paroles, dont le thème central est la perception de l’étranger et les craintes qu’il suscite. Avec le producteur Russ Russell une nouvelle fois aux commandes, Napalm Death démarre fort avec le puissant « Fuck the Factoid » et ses dissonances de guitare inspirées qui évitent d’enfermer le morceau dans un registre grindcore trop restrictif, jusqu’à ce final apocalyptique. Rapidement toutefois, dès « Backlash Just Because », les musiciens brouillent les pistes et introduisent un groove inattendu, un rythme moins saccadé, qui rompt avec la brutalité inaugurale et démontre encore la versatilité et la maîtrise technique du groupe britannique.

Du reste, cette dernière sera encore mise en évidence sur les incroyables changements de rythme perpétrés plus loin sur « Zero Gravitas Chamber ». « Contagion » reste aussi dans l’idée de ne pas s’enfermer dans le grindcore et déploie des ambiances et des mélodies efficaces. D’autres trouvailles épiques émaillent cet album inspiré, comme la basse vrombissante et obsédante de « Joie De Ne Pas Vivre », avec sa couleur industrielle terrifiante, ou encore les lignes vocales saisissantes de « A Bellyful of Salt and Spleen », voire la section rythmique implacable de « Amoral », dotée par ailleurs de l’un des meilleurs refrains du disque. 

Avec cette philosophie de gourmandise et de curiosité insatiable, qui interdit au groupe de s’enfermer dans la routine, Napalm Death fait preuve d’une vitalité inattaquable sur ce nouvel album réussi.

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