The Agony & Ecstasy of Watain

Chronique

Watain a toujours été révéré pour la qualité de son black metal, il n’y a aucun doute là-dessus. Des albums tels que Sworn to the Dark (2007) Lawless Darkness (2010) ou le plus récent Trident Wolf Eclipse (2018) ont contribué à écrire son nom en lettres capitales dans l’histoire du genre. Pourtant, dans la conscience collective, le patronyme du groupe est toujours associé à ses frasques scéniques à base de sang et de feu. Des gimmicks qui, à l’écoute de ce septième album, font pourtant figure de simple décorum tant le combo a gagné en épaisseur.

The Agony & Ecstasy of Watain est riche et varié. Il est également – on s’en doute – très sombre, mais bien plus subtil que ses prédécesseurs en diversifiant ses formes d’agression. Certes, la vitesse fait toujours partie des armes fourbies par les Suédois, mais des perches lancées vers le heavy metal traditionnel, voire le doom, garantissent une fluidité à l’art du groupe qu’on ne lui connaissait pas jusqu’alors (cf. Before the Cataclysm). De même, We Remain, qui voit intervenir l’excellente Farida Lemouchi (Molassess, ex-The Devil’s Blood), assied plus encore le sulfureux côté mystique qui donne cette aura particulière à l’album. Erik Danielsson, éminence grise et seul décideur au sein de Watain (tout comme l’est son meilleur ami « à la ville » Tobias Forge, chez Ghost), approche de la quarantaine et semble canaliser les forces obscures qui l’animent d’une façon plus profonde, plus mature, plus réfléchie. Et cela ne se fait pas au détriment d’une intensité jamais prise en défaut. Watain n’adoucit pas son propos, il le raffine. Le terminal Septentrion et ses mélodies en sont le meilleur exemple.  

Digne (seul réel ?) héritier de Dissection, Watain monte une fois encore de division avec ce disque passionnant de bout en bout, aux arrangements discrets mais très intelligemment agencés, qui confirme pleinement nos soupçons : Watain est bien plus qu’une formation barbouillée de sang qui jette à l’occasion des rats en décomposition dans son public (les agents d’entretien de la salle parisienne la Locomotive s’en souviennent encore). Il est aujourd’hui le garant d’une vision du black metal bien plus proche de la philosophie que de la provoc facile. Un groupe qui a grandi, en somme. © Charlélie Arnaud/Qobuz