Smile

Chronique

Depuis Witness, son précédent album dévoilé en 2017, Katy Perry a connu un certain nombre de bouleversements, qui vont au-delà de sa nouvelle coiffure. Une séparation très médiatique avec Orlando Bloom, une dépression documentée par la presse people, puis une réconciliation et enfin un mariage et une grossesse. Autant de sources d’inspiration pour une artiste qui a toujours entretenu la perméabilité entre son œuvre et sa vie personnelle. Ainsi, l’artiste suggère dès la pochette ce que sera le fil conducteur de l’album : le contraste entre le message presque injonctif, Smile, le nez rouge qui renvoie à son métier d’entertainer et son image de chic fille excentrique, et le regard mélancolique qu’elle adresse à son public et en dit long sur sa lassitude et son besoin de relief. 

Mais, au contraire d’une Taylor Swift, qui a opté pour une nouvelle orientation artistique afin de célébrer sa maturation et casser le carcan dans lequel elle s’enfermait, Katy Perry choisit de ne pas se départir de son electro-dance-pop habituelle, même si sa fantaisie semble plus discrète et que certains titres comme « Resilient » et son arrangement pop sobre ou « Not the End of the World » et sa tonalité grave tracent de nouvelles voies. La prise de risque est mesurée et l’impression de déjà vu lutte avec l’efficacité indéniable des nouveaux morceaux. Les accroches, les rythmiques répétitives, le spectre vocal de la jeune fille, le manque de variété dans les ambiances ne témoignent pas d’un renouveau qui commence à se faire nécessaire.

Surnagent tout de même les singles, judicieusement choisis comme « Smile » et sa rythmique funky impeccable, « Daisies » et ses humeurs mélancoliques sur un arrangement tantôt éthéré, tantôt galvanisant, ou encore « Cry About It Later », qui mise tout sur sa rythmique et le placement vocal chirurgical de l’intéressée. Mais entre le R&B minimaliste de « Harleys in Hawaii » sans originalité, « Only Love » qui pourrait émerger de n’importe lequel de ses albums précédents ou « Tucked » qui joue la carte d’une dance-pop 80's déjà exploitée par Lady Gaga jusqu'à la corde, le bilan ne dépasse pas l’équilibre. Pour une fois, Katy Perry semble à la peine et ne peut compter sur sa pétulance pour combler les lacunes d’un disque honorable, mais dépourvu de sa fantaisie salutaire.

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