Shtar Academy

Chronique

Le télé-crochet Star Academy peut trembler, son presque homonyme Shtar Academy est un projet totalement hors-norme. Mouloud Mansouri, lui-même ancien détenu, s'est spécialisé avec son association Fu-Ju dans l'organisation de concerts et d'ateliers culturels en prison. Aidé par le rappeur et producteur Tony Danza, il imagine en 2012 la possibilité de créer un groupe de rap en prison. Le casting organisé dans l'établissement pénitentiaire de Luynes-Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), en mai 2012, parmi deux cents détenus, aboutit à la création de Shtar Academy.

Le trio final composé de Malik, Badri et Mirak conduit à une véritable formation, sauf qu'ici, le Château et autres studios de télévision sont remplacés par l'univers carcéral. Le projet rencontre un formidable écho dans le milieu du rap français, montrant pour l'occasion sa générosité. Les trois membres de Shtar Academy sont en effet formés et aidés durant deux ans par des figures du rap d'ici. Cut Killer, OrelSan, La Fouine, Soprano, Kery James ou Médine sont quelques-uns des grands noms que l'on retrouve autour de cet album unique.

Enregistré en prison de mars à juillet 2013, Shtar Academy est un album unique qui restera, de par son originalité, dans les annales du rap français. Ne serait-ce que par la mobilisation active des nombreux intervenants que l'on retrouve sur le résultat final. Ce soutien a été décisif pour permettre aux trois membres de Shtar Academy d'exprimer leurs idées musicales. On est ici bien loin de la simple notion de featuring.

Shtar Academy a su éviter l'écueil de l'album « sur la prison », qui aurait été la voie de la facilité pour capitaliser sur l'environnement de l'album. Bien sûr, l'univers carcéral n'est pas absent et sert de toile de fond à quelques chansons (« Wesh les taulards »,  « Permission »,  « Libérable ») et donne lieu, avec la version longue du morceau  « Les Portes du pénitencier », à un défilé de certains des célèbres intervenants de l'album. Shtar Academy parle de la vie tout simplement, de ceux qui sont nés du mauvais côté de la barrière sociale.

« Le Trajet » évoque les proches, ces victimes collatérales des incarcérations, « Nostalgique » ne l'est pas puisque c'est au passé que l'on doit le malheur du présent. En donnant une voix à ceux qui en sont privés, Shtar Academy n'est pas qu'un simple disque de rap. Il est l'illustration de ce qu'un projet citoyen peu apporter à la société et à ses parias.







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