Nuit

Chronique

Jazzy Bazz offre une suite nuageuse à P-Town, son premier album sorti il y a deux ans et demi. Toujours accompagné de son équipe Grande Ville, cet opus emporte l’auditeur dans une ambiance nocturne du Crépuscule à Cinq heures du matin, une traversée vaporeuse composée par les habitués Monomite, Loubensky et The Hop Music. Comme dans un club de jazz enfumé, Nuit raconte des petites histoires aux personnages qui s’attachent ou se déchirent. Contemplatif et résigné, Jazzy Bazz y apparaît comme le narrateur principal, intégrant ses propres émotions aux visions très cinématographiques de morceaux comme Leticia ou Sentiments. Se mêlant aux voix de Bonnie Banane, Lonely Band ou Sabrina Bellaouel, le rappeur se permet aussi le luxe d’avoir Nekfeu sur deux titres puissants, évoquant les moments d'Éternité de tous les jours et la déviance des réseaux sociaux, le stalking au bout de la nuit. A la fois très proche tout en prenant de la hauteur, la prose de Jazzy Bazz se raréfie pour rendre le propos plus simple, par petites touches, comme dans un rêve éveillé. Même en pleine Insomnie avec Alpha Wann et Esso Luxueux, les idées s’enchaînent parfois sans but, comme pris dans un sommeil paradoxal. Le point d’orgue de cette écriture enchevêtrée est transcendé sur la guitare évocatrice de Parfum, ode nostalgique et olfactive à la jeunesse du rappeur. Avec Nuit, Jazzy Bazz propose un voyage unique qui donne envie de se laisser bercer tout éveillé dans les bras de Morphée. © Aurélien Chapuis/Qobuz