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En août 1969 date de la sortie de ce disque, le rock allemand en est encore à ses balbutiements : Ash Ra Tempel, Amon Duul 2, et Tangerine Dream viennent juste d’être crées et leur musique est encore assez influencée par le rock psychédélique du Grateful Dead et des Pink Floyd.
Contrairement à ces groupes, Can entre en scène avec un disque très décalé et furieusement urbain. L’orchestration est assez classique : voix, rythmique basse- batterie, claviers et guitare. Par contre, c’est la combinaison qui est très originale : aucun musicien ne se met en avant et tous se fondent dans la musique exhalant une unité presque « machinique ». Le son très cru presque garage de Monster Movie traduit une fascination pour un certain rock américain: à New York Irmin Schmidt le pianiste et a notamment craqué sur le Velvet Underground. Ce qui a frappé cet ex-chef d’orchestre défroqué était cette espèce d’amateurisme revendiqué notamment par Lou Reed qui n’était pas un grand technicien de la guitare. Il était impressionné par le violoniste bassiste John Cale qui, lui aussi, venait du milieu de la musique contemporaine et qui est parti pour créer du rock.
Cette influence américaine est surtout amenée par le chanteur Malcom Mooney, sculpteur qui pour la première fois chante dans un groupe. Sur la ballade « Mary so contrary » il passe d’une voix toute douce à une scansion agressive installant un climat inquiétant, sur le fil de rasoir auquel la guitare s’empresse de répondre par des harmonies plaintives. « Outside my door », le morceau le plus rock, est chanté frénétiquement, à s’arracher le larynx…
Ce qui est le plus étrange sur ce disque, c’est que cette extrême sauvagerie est contrebalancée par une musique à la précision chirurgicale. Ce jeu si particulier est particulièrement bien illustré par le long morceau de 20 minutes « You doo right ». C’est le batteur Jaki Liebezeit qui lance la mélodie en créant un rythme qu’il garde tout le long en s’autorisant toutefois quelques variations mais toujours dans des limites très strictes. La basse de Holger Czukay soutient l’ensemble en jouant des motifs très simples contribuant à l’hypnose répétitive. Quant au texte, il s’agit d’une lettre envoyée à Malcom Mooney par sa petite amie et qu’il chante au mot près avec une tonalité très dramatique.
Quand on fait écouter cet album à des gens plutôt jeunes, aucun n’arrive à croire qu’il date d’il y a 37 ans !. Il n’y a pas de solo de guitare ou de batterie ce qui était pourtant la norme dans des groupes comme Cream ou les premiers groupes de rock progressifs comme Yes ou Genesis. Il y a chez Can un refus de l’ego et un sacrifice total à la production musicale de l’instant avec la volonté commune de surprendre et de violenter ses habitudes de musicien : Holger Czukay (élève de Stockhausen), par exemple, n’avait jamais joué de basse de sa vie.
C’est ce mélange d’improvisation alliée à des motifs rythmiques d’une métronomie glaçante qui donne à ce disque un aspect aussi moderne. Bien qu’à chaque fois différents, les autres albums de Can perpétueront cet esprit communautaire, une sorte d’orchestre de chambre rock comme le dit si bien Holger Czukay dans un interview. Avec Monster Movie, Can vient de faire une entrée fracassante dans le monde du rock.
©Copyright Music Story 2017
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Jaki Liebezeit, Composer - Irmin Schmidt, Composer - Can, MainArtist - Holger Czukay, Composer - Michael Karoli, Composer - MALCOLM MOONEY, Composer
2004 2011 Spoon Records 2004 2011 Spoon Records
Jaki Liebezeit, Composer - Irmin Schmidt, Composer - Can, MainArtist - Holger Czukay, Composer - Michael Karoli, Composer - Malcom Mooney, Composer
2004 2011 Spoon Records 2004 2011 Spoon Records
Jaki Liebezeit, Composer - Irmin Schmidt, Composer - Can, MainArtist - Holger Czukay, Composer - Michael Karoli, Composer - MALCOLM MOONEY, Composer
2004 2011 Spoon Records 2004 2011 Spoon Records
Jaki Liebezeit, Composer - Irmin Schmidt, Composer - Can, MainArtist - Holger Czukay, Composer - Michael Karoli, Composer - MALCOLM MOONEY, Composer
2004 2011 Spoon Records 2004 2011 Spoon Records
Chronique
En août 1969 date de la sortie de ce disque, le rock allemand en est encore à ses balbutiements : Ash Ra Tempel, Amon Duul 2, et Tangerine Dream viennent juste d’être crées et leur musique est encore assez influencée par le rock psychédélique du Grateful Dead et des Pink Floyd.
Contrairement à ces groupes, Can entre en scène avec un disque très décalé et furieusement urbain. L’orchestration est assez classique : voix, rythmique basse- batterie, claviers et guitare. Par contre, c’est la combinaison qui est très originale : aucun musicien ne se met en avant et tous se fondent dans la musique exhalant une unité presque « machinique ». Le son très cru presque garage de Monster Movie traduit une fascination pour un certain rock américain: à New York Irmin Schmidt le pianiste et a notamment craqué sur le Velvet Underground. Ce qui a frappé cet ex-chef d’orchestre défroqué était cette espèce d’amateurisme revendiqué notamment par Lou Reed qui n’était pas un grand technicien de la guitare. Il était impressionné par le violoniste bassiste John Cale qui, lui aussi, venait du milieu de la musique contemporaine et qui est parti pour créer du rock.
Cette influence américaine est surtout amenée par le chanteur Malcom Mooney, sculpteur qui pour la première fois chante dans un groupe. Sur la ballade « Mary so contrary » il passe d’une voix toute douce à une scansion agressive installant un climat inquiétant, sur le fil de rasoir auquel la guitare s’empresse de répondre par des harmonies plaintives. « Outside my door », le morceau le plus rock, est chanté frénétiquement, à s’arracher le larynx…
Ce qui est le plus étrange sur ce disque, c’est que cette extrême sauvagerie est contrebalancée par une musique à la précision chirurgicale. Ce jeu si particulier est particulièrement bien illustré par le long morceau de 20 minutes « You doo right ». C’est le batteur Jaki Liebezeit qui lance la mélodie en créant un rythme qu’il garde tout le long en s’autorisant toutefois quelques variations mais toujours dans des limites très strictes. La basse de Holger Czukay soutient l’ensemble en jouant des motifs très simples contribuant à l’hypnose répétitive. Quant au texte, il s’agit d’une lettre envoyée à Malcom Mooney par sa petite amie et qu’il chante au mot près avec une tonalité très dramatique.
Quand on fait écouter cet album à des gens plutôt jeunes, aucun n’arrive à croire qu’il date d’il y a 37 ans !. Il n’y a pas de solo de guitare ou de batterie ce qui était pourtant la norme dans des groupes comme Cream ou les premiers groupes de rock progressifs comme Yes ou Genesis. Il y a chez Can un refus de l’ego et un sacrifice total à la production musicale de l’instant avec la volonté commune de surprendre et de violenter ses habitudes de musicien : Holger Czukay (élève de Stockhausen), par exemple, n’avait jamais joué de basse de sa vie.
C’est ce mélange d’improvisation alliée à des motifs rythmiques d’une métronomie glaçante qui donne à ce disque un aspect aussi moderne. Bien qu’à chaque fois différents, les autres albums de Can perpétueront cet esprit communautaire, une sorte d’orchestre de chambre rock comme le dit si bien Holger Czukay dans un interview. Avec Monster Movie, Can vient de faire une entrée fracassante dans le monde du rock.
©Copyright Music Story 2017
À propos
- 1 disque(s) - 4 piste(s)
- Durée totale : 00:38:09
- Artistes principaux : Can
- Compositeur : Various Composers
- Label : Mute
- Genre : Pop/Rock Rock
2004 2011 Spoon Records 2004 2011 Spoon Records
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