Gidim

Chronique

Il est amusant de constater l’espèce de compétition officieuse en cours au sein de la scène tech-death ces dernières années. Si tous les compteurs de violence, de technicité et de rapidité semblent avoir explosé depuis une décennie, il reste toujours des groupes pour relever le défi, de manière plus ou moins heureuse. Il va sans dire que Rings Of Saturn fait partie de cette catégorie. Pour son cinquième album en dix ans, le combo de deathcore américain ne table clairement pas sur la sobriété. Il réussit cependant avec Gidim le pari de se démarquer du reste des productions de ce style, aidé pour cela d’un univers bien à lui et d’un songwriting souvent oublié dans cette scène.

La thématique spatialo-futuriste du combo, mise en avant par la production quasi clinique de l’album, se met au service ici d’une brutalité et d’un art de la cassure rythmique tout bonnement impressionnants. Les guitares, à mi-chemin entre le « gros riff qui tache » et le solo perpétuel, se taillent la part du roi tout en réussissant, malgré une incroyable densité, à rester digestes et terriblement mélodiques. Les break-down, toujours bien sentis, apportent les cassures nécessaires au déclenchement des plus fameuses « pieds-bouches-parts » inhérentes au deathcore, et les quelques plages acoustiques qui parsèment l’album (Face the Wormhole, Bloated and Stiff) permettent à l’auditeur tétanisé de reprendre son souffle avant la prochaine déflagration. Si la première écoute pourra donner au mélomane non averti l’impression de tenter de maîtriser un rodéo à dos de comète, la persévérance lui permettra de dompter celle-ci et de découvrir la richesse d’écriture et de mélodie qui constitue chacune des pistes de Gidim. Un album loin d’être accessible de prime abord, mais nécessaire pour tout fan de deathcore à guitares recherchant de la fraîcheur dans ce style relativement saturé. © Théo Roumier/Qobuz