Falling Off The Lavender Bridge (Lightspeed Champion)

Chronique

Pour son premier album sous le nom de Lightspeed Champion, Devonte Hynes a battu le rappel de ses copains de la scène indie rock du Nebraska (le producteur Mike Moggis en tête de file), et a demandé à la Londonienne Emmy The Great de lui fournir une bonne pelletée de chœurs évanescents. Il a ensuite lâché la bride à son goût pour la pop savamment élaborée, les jolies mélodies, et les rythmes tendres. Et tout le monde de s’ébaubir du contraste ainsi créé avec ses productions antérieures (en compagnie des très énervés, et très jusqu’au-boutistes Test Icicles).

Maintenant, penchons-nous sur les textes des chansons : on y évoque de vilaines filles (« Let the Bitches Die »), encore de vilaines filles (« Devil Tricks For a Bitch »), la mélancolie (« Everyone I Know Is Listening To Crunk »), et toujours la mélancolie (« All That Shit »).

Comme si notre Champion avait souhaité pousser la blague de potache jusqu’à sa limite absolue, Falling… fonctionne ainsi en double détente, oscillant, en équilibre précaire, entre séduction et répulsion. C’est sans nul doute ce brillant exercice sémantique, in fine un peu vain, qui empêche l’album d’être un chef d’œuvre. Mais, avec des claquements de doigts induits comme un plaisir ineffable, la qualité inouïe des compositions, et une mise en son d’esthète, cela reste un très grand disque.

 



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