Electricity

Chronique

Dès la première écoute, ce quatrième album d’Ibibio Sound Machine s’impose comme le meilleur. Rien de fondamentalement nouveau pourtant : le groupe anglo-nigérian (la chanteuse Eno Williams a grandi au Nigeria) se situe toujours au carrefour du funk américain et de la musique électronique africaine, en dansant jusqu’à s’étourdir et mélanger toutes les références, en inventant sa musique comme la bande-son d’un paradis perdu dans les années 80 entre deux clubs et deux continents. Avec Electricity, Ibibio Sound Machine l’a retrouvé et fête sa victoire, sans aucune nostalgie. Electricity a été produit par le groupe électro-pop anglais Hot Chip, eux-mêmes champions dans le dépoussiérage de synthés vintage. L’album ne ressemble jamais à une démonstration, plutôt à un aboutissement. Comme dans le funk, le groove est millimétré, rien ne déborde sauf l’énergie, aucun arrangement n’est laissé au hasard, et c’est cette précision qui mène à la transe. La part africaine du groupe s’invite dans les percussions, les chœurs et le chant élastique d’Eno Williams sur des titres comme Oyoyo ou l’épique Freedom qui termine le disque. Moins de gimmicks funky alors, mais un groove tout aussi concentré et imparable. Taillé pour la scène comme si chaque chanson était la dernière et le paroxysme du show, Electricity s’écoute d’une traite, en dansant en lévitation. © Stéphane Deschamps/Qobuz